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La vieille dame au caddie à 20h10

Un soir, un bruit distrait les lecteurs, qu'est-ce ? Eh bien, ce sont les roues d'un caddie, la vieille dame qui habite par là, celle qui ne se déplace jamais sans son caddie, doit être en train de rentrer.

Il est 20h10.

C'est assez pour imaginer un exercice d'écriture : "La vieille dame au caddie à 20h10".

 

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Texte A.T. – 18/04/2012
La vieille dame au Caddie, à 20h10 montait les escaliers, essoufflée, comme tous les soirs. Arrivée devant sa porte, elle introduisit sa clé dans la serrure, pénétra dans l’appartement sombre. Sans hésiter elle se posta devant la fenêtre donnant sur la jolie cour pavée et fleurie. L’homme passa une main nonchalante dans ses cheveux, descendit dans son cou et à la naissance des épaules trouva de suite le petit bouchon de plastique qu’il ouvrit prestement. La vieille dame se dégonfla rapidement, dans un sifflement régulier. Il ne restait au sol que ses vêtements et le corps de caoutchouc flasque. La motorisation qui se trouvait dans le chariot cessa son ronflement discret.

Le savant fou allait pouvoir se mettre à table tranquillement, manger ce qu’elle lui avait ramené. Il était content, cela faisait des années qu’il avait réussi à fabriquer cette vieille, copie conforme de sa voisine qu’il avait assassinée et dont la rente qu’il touchait tous les mois lui permettait de vivre et de mettre au point d’autres automates.

 

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Texte C.Sc. – 18/04/2012

Ah, voilà enfin Juliette, il est plus de 8h, il est temps qu'elle me relève pour la nuit, cette planque est interminable. Elle est vraiment incroyable dans son numéro de petite vieille au caddie. Moi je suis moins à l'aise avec mon déguisement de camé gothique … Bon, ils sont là, ce soir. Club de lecture, tu parles ! Quand on aura fiché toute la bande, faudra trier. Y a les naïfs qui viennent vraiment que pour les bouquins, même si ça, ça me dépasse complètement, et puis … il y a les autres. Les patrons de la librairie sont sûrement dans le coup, et peut-être le grand, là, qui se fait appeler Sébastien. Mais après, entre les vrais profs, les faux retraités, les bonnes femmes qui ont l'air de rien et tous les autres, on n'a pas fini de planquer dans tous les coins de la ville. Faut qu'on avance vite sur ce réseau, on ne sait pas de quoi ils sont capables.

 

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Texte G.S. – 18/04/2012
La vieille dame au caddy.
Elle est vieille, fourbue, un peu courbée mais elle a toujours ce brin de coquetterie, ce rien qui plaisait autrefois.
Alors son caddy, elle l’a voulu à son image enfin son ancienne image, beau, coloré qui attire le regard.
Elle l’a choisi avec minutie, léger, robuste et plein de couleurs.
Et maintenant elle le traine derrière elle.
Certes un sac à main ou un joli cabas aurait été bien plus élégant et surtout moins encombrant mais depuis ses opérations aux épaules elle ne peut plus porter.
Pourtant elle a porté, poussé, soulevé pendant toutes ses années où elle a travaillé et puis un beau jour l’effort de trop, la rupture des tendons, d’abord l’épaule droite puis la gauche, la rééducation, les douleurs et puis l’impossibilité de continuer à travailler.
Elle a dû partir avant la date de la retraite. Elle a résisté n’a pas voulu céder mais elle est inapte enfin c’est ce qu’on lui a dit dans les bureaux.
Ils ont beau dire mais depuis son arrivée, il y a si longtemps, elle était là tous les jours, jamais absente et ses chefs savaient qu’on pouvait compter sur elle.
Mais elle a dû partir. Trop tôt, vraiment trop tôt.
On lui verse une petite pension, à peine de quoi payer son loyer, alors elle a dû se débrouiller.
Tous les soirs elle attend la fermeture du supermarché.
Et dans son caddy elle ramène quelques denrées plus ou moins avariées qu’on a bien voulu lui donner.
 
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Texte 1 J.G. – 26/06/2012
Un mardi d'hiver. Il fait froid. La rue piétonne est vide. Les pavés humides luisent à la lueur des lampadaires. Les boutiques sont fermées. Le vendeur du magasin d'alimentation range ses derniers casiers de légumes. Seule la librairie reste éclairée. La réunion du club de lecture bat son plein. Les membres du club discutent des livres, des auteurs. Un bruit insolite parvient au milieu de ce cercle d'initiés, quelque chose qui roule sur les pavés. Le silence se fait peu à peu.
«  C'est la vieille dame au caddie de 20 h 10 » dit la libraire.
Regards interrogateurs. Le bruit continue quelques secondes, s'estompe, puis plus rien.
« Tous les soirs à la même heure, la vieille dame rentre chez elle » reprend la libraire.
Les questions arrivent :
« - Qui est-elle ? Que fait-elle à une heure pareille ?- Habite-t-elle dans le quartier ?

   - Comment vit-elle ?

   - Oui, elle vit dans le quartier. - Non, je ne sais pas où. - Oui, tous les soirs à la même heure. - Non, on ne sait pas qui elle est ».
Dans les têtes maintenant, la vieille dame prend toute la place : Est-elle très vieille ? Comment est-elle habillée ? Que s'est-elle acheté à manger ? Y-a-t-il quelqu'un qui l'attend ? A-t-elle un chat ? Un chien ? Un canari ? Un poisson rouge ? . . .
« - Revenons à notre roman, dit la présidente de l'assemblée, qui manifestement a du mal à ramener les esprits au sujet du jour et à remettre le couvercle sur la marmite débordante de la folle du logis : l'imagination  ».
Chacun repartira ce soir avec « SA VIEILLE DAME ».
 
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Texte 2 J.G. – 26/06/2012

Il était 20 h 10. Paulette marchait au milieu de la rue déserte en tirant son chariot. Elle venait de le remplir de légumes pour faire sa soupe du soir. Certes il était un peu tard, c'était l'hiver, il faisait nuit depuis déjà plusieurs heures. Le temps était exécrable, froid et humide, et les pavés glissants. Paulette ronchonnait contre les pavés. Elle n'avait plus 20 ans, depuis longtemps, et s'était déjà tordu les pieds sur un pavé lui-même tordu. « Qu'elle idée avait eu la municipalité de mettre des pavés ! Pour faire joli ? Ils n'pensent pas aux personnes âgées qui s'tordent les pieds sur ces foutus cailloux ! Obligés de mettre des chaussures plates et de bien lever les pieds ! ».
Mais c'était l'heure aussi où Momo fermait son magasin d'alimentation et liquidait pas mal de marchandise à bon prix. C'était toujours ça de gagné ! Y aurait un peu plus de beurre dans la soupe et la minette aurait sa boite de ronron préférée. Elle faisait ça presque tous les soirs, Paulette, et finalement elle aimait bien se retrouver seule dans cette rue si animée dans la journée. Ah l'été c'était pas pareil ! Il faisait jour bien plus tard et les touristes lui prenaient toute sa place. Mais là ce soir c'était bien. Il n'y avait que le bruit de son chariot sur les pavés qui résonnait entre les murs. Elle connaissait les maisons par coeur. Toutes les boutiques étaient fermées, seule la librairie, ce soir, était encore éclairée et des ombres semblaient se mouvoir à l'intérieur. « Bizarre ! Se dit Paulette, qui peut bien avoir envie de lire un livre à c't'heure-ci ? C'est l'heure de la soupe, de la télé, puis au lit, bien au chaud avec minette sur les pieds ! C'est la belle vie ! »

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Texte C.Si. – 26/06/12
 
La vieille dame se pressa sur les pavés inégaux de la cour intérieure. Son caddie tressautait, ce soir elle l’avait peu chargé. Ce n’était pas la peine, elle était certaine de son coup. Les lumières de la librairie s’éteignirent au rez de chaussée. Elle se hâta, il devait être près du quart maintenant, laissa le porche dans la pénombre, tourna à gauche et emprunta la rue piétonne d’un pas vif. Elle se maudissait d’avoir perdu du temps à vérifier une fois encore la partition. 5’ de trop et son plan échouait ! Elle le savait pourtant, mais sa fébrilité la tétanisait à chaque fois, et elle manquait de rater le début. Elle approchait de sa destination. Soudain, elle pila et soupira d’aise en contemplant la vitrine du chocolatier. Elle ouvrit son caddie, en sortit un pliant, qu’elle posa, puis après un nouveau regard furtif à la vitrine obscure, un stéthoscope. Elle déplia l’instrument, en inséra les branches dans les oreilles, s’installa et attendit. Tout à coup la vitrine s’illumina, donnant vie à un violoniste concentré devant son lutrin, prêt à jouer. Se penchant en avant, la vieille dame ajusta alors la ventouse du stéthoscope à la vitre. Elle constata avec joie que son dispositif fonctionnait et que l’auscultation allait être parfaite et complète. Elle sourit aux notes que le pantin articulé égrénait inlassablement et invita du regard les passants à venir le soutenir dans son exécution magistrale.

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Texte A. J. – 30/10/2012

Elle était en avance. Il n'était que 18h 30 quand une cliente sur le point de sortir l'aperçut qui remontait la Grand rue, tirant son sac à roulettes. Peu après la vieille dame s'arrêta un instant devant la vitrine, puis résolument entra dans le magasin. Elle laissa son caddie près du dépose-parapluies et entreprit de faire le tour de la pièce ; elle cherchait manifestement un livre précis. La libraire s'approcha. « Je cherche un recueil de contes de Maupassant avec Le masque. Vous savez ce texte que Max Ophuls a filmé avec Gaby Morlay dans le Plaisir. Bien sûr, on ne souvient que de La maison Tellier à cause de Gabin et de toutes ces merveilleuses actrices. Mais le Masque, c'est quelque chose. » Elle feuilleta le livre, trouva le passage qui justifiait sa quête et referma l'ouvrage. En se dirigeant vers la caisse, elle dit : « Mon mari était un grand coureur, maintenant c'est moi qui le promène ». La libraire vit un vieux couple, un fauteuil roulant, le dévouement d'une épouse. Non, ce n'était à elle qu'il faudrait proposer le livre de Jean Échenoz sur Émile Zatopek. « Tous les soirs, je lui fais la lecture. C'est un rituel : une bougie, des fleurs et une nouvelle ». Elle rentrait donc vers 20h 10 pour être la lectrice de son mari. Lisait-elle avant ou après le repas ? Elle avait payé et allait sortir, quand elle revint sur ses pas. « Peut-être voulez-vous voir mon mari ? » L'invitation était singulière, formulée ainsi. « C'est bien aisé ». Elle défit le lacet, écarta le rabat : à l'intérieur, entourée de branches de feuillage persistant, il y avait une urne.

Mise à jour le 24.03.17
 
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