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"Je mis les doigts sur mes lèvres, exigeant le silence absolu, j'allumai la lampe jaune du coin et je composai la combinaison du coffre-fort : six un cinq quatre deux huit." (extrait de "Confiteor" de Jaume Cabré).

Augmenter : le premier et le dernier mot du texte d'origine sont les premier et dernier du texte augmenté, qui contiendra également tous les mots du texte d'origine dans l'ordre. Se limiter si possible à une demi-page.

 

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Texte A.T. – 14/03/2017

Je mangeais son visage des yeux, mis mon regard dans ses prunelles couleur ciel d'orage. Les bras tremblants, j'approchais ses mains de mes seins, mes doigts délicatement se posaient sur sa nuque. J'approchais mes lèvres des siennes, les effleurant, et déposais un baiser sur son cou. Mon désir exigeant faisait battre mon cœur à une allure folle, repoussant le silence dans un abîme absoluJ'allumai ses sens, la chaleur de son corps l'attestait. La lampe auréolée de lumière jaune éclairait faiblement la salle de bains, du coin où nous nous tenions nous la devinions à peine. Je serrai ses épaules, et je me composai un sourire de circonstance, énigmatique. J'ouvris sa combinaison de travail, il poussa un cri puissant : il avait du coffre ! : il était fort de poitrine, au moins six mains pour en faire le tour. Un cinq à sept à quatre heures de l'après-midi, avec deux fuites d'eau dans la maison, j'étais véritablement bien allumée pour exécuter un grand huit.

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Texte C.Sc. – 23/01/2017


Je mis des gants avant de passer les doigts sur la serrure pour juger de sa solidité. Un soupir s'échappa de mes lèvres, j'étais presque déçu que ça s'annonce si facile. Un mécanisme exigeant de moi aussi peu d'efforts, c'était assez surprenant. La serrure céda vite et dans le silence le plus absolu. J'allumai la lampe torche, et promenai son halo jaune autour de moi, dans ce grenier où devait m'attendre le gros lot. Du coin le plus éloigné, dans un bric-à-brac invraisemblable, émergèrent les contours du vieux coffre en bois que Chloé m'avait décrit. Tout cela était bien facile et en me dirigeant vers le coffre, je composai mentalement le texto que je lui enverrais pour la féliciter d'avoir si bien repéré les lieux. Cette brave Chloé, on a toujours bien travaillé ensemble et malgré mes nombreux écarts, elle m'aimait toujours. Je retirai fébrilement la pile de vieilles nippes – combinaison d'un autre âge, châle, vieux chapeaux – du dessus du coffre. Je fus fort surpris dès que je l'eus ouvert, car au lieu du butin attendu, il y avait six articles de journaux, l'un parlant de notre fameux casse au casino, les cinq autres relatant mes frasques avec quelques beautés de passage. Le temps de comprendre que Chloé m'avait piégé, elle était sortie de sa cachette et pointait son arme sur moi. Elle tira à quatre reprises, c'était plus qu'il n'en fallait pour m'envoyer ad patres, comprenant en un éclair qu'elle ne m'avait jamais rien pardonné. C'est ainsi, sous la vengeance de Chloé et non pas comme on le raconte, sous les balles d'une bande rivale, que je suis mort en deux mille huit.

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Texte S.B. – 21/01/2017

Je n’avais jamais vu cet homme auparavant. Il était plutôt bien mis, vêtu d’un costume sombre et d’une chemise blanche. Les doigts passés négligemment dans ses cheveux avaient un peu discipliné ses boucles. Il lisait sur mes lèvres comme je lisais sur les siennes depuis quelques minutes. Le restaurateur exigeant le silence absolu pour cette soirée un peu particulière, où le dîner devait se dérouler sans un mot afin que tout un chacun puisse déguster en toute concentration les mets délicats du chef, les participants, dont j’étais, s’étaient installés autour de la table. Chacun ignorait tout des autres convives, un carton portant notre prénom et placé devant les verres indiquait notre place. J’étais donc assise en face de cet homme et l’on venait de nous servir une coupe d’un excellent champagne. Un menu était placé à côté de chaque assiette mais je ne sais pour quelle raison, le mien manquait. Mon vis- à- vis me lut donc obligeamment le nom du cru et l’année de vendanges. De ses lèvres ne s’échappait aucun son, mais son articulation était parfaite, et comme il ne portait ni barbe ni moustache, la lecture labiale en était facilitée.

J'allumai discrètement mon téléphone afin d’en consulter l’heure, je ne porte jamais de montre. Vingt heures, le repas commençait à l’heure prévue, je ne rentrerais donc pas trop tard, je pourrais entamer la rédaction de mon article sitôt à la maison. La mise en bouche se révéla originale, à base de fraise et de foie de morue. Heureusement que mon voisin d’en face m’en délivra le libellé à voix muette, je n’aurais pas forcément débusqué la pointe de pastis qui liait les saveurs. Les autres convives dégustaient en silence, évitant de se regarder pour ne pas rompre la concentration presque palpable autour de la table. Lorsque Frédéric, nous avions échangé nos prénoms après « les frivolités de l’étang », m’annonça le « mouillon de boulet au poivre bouge, magret futé et feuillu d’hiver », je compris que la soirée s’annonçait cocasse et qu’il était temps que je travaille ma lecture sur les lèvres. Réprimant de justesse un éclat de rire bruyant qui aurait indigné la tablée, je me concentrai sur la lampe jaune du coin le plus éloigné de ma place et je me composai la mine en accord avec le plat, subtile combinaison de gaité contenue et d’attentive componction. Vers minuit, juste avant le « Délice de Colombie » que Frédéric prononça silencieusement « café », nous avions échangé trente-deux sourires et entamé de multiples conversations aphones. Il éclata enfin d’un rire libérateur et bref. Pas assez bref cependant, je pus constater comme toute l’assemblée consternée qu’il avait du coffre, qu’il riait vraiment fort … Et qu’il avait du charme, beaucoup de charme… Il cessa de rire, conscient de l’émoi qu’il suscitait parmi les convives, et découvrant mon sourire ravi, il fit de la main le geste d’approcher un téléphone imaginaire de son oreille et articula de ses lèvres silencieuses « zéro six un cinq quatre deux … ». Les autres chiffres échappèrent à ma compréhension. Il les griffonna sur le menu qu’il me tendit.

Je l’appelai dès le lendemain. Sa voix que j’entendais pour la première fois me plut. Il rit d’entendre la mienne, haut perchée et me donna rendez-vous à la foire du trône, près du grand huit


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Texte CMLG – 03/12/2016

Je pénétrai lentement dans la pièce, et mis instinctivement les deux doigts de ma main gauche rougis par le froid et un peu gourds, sur le bout de mes deux lèvres tremblantes, exigeant du regard le total silence, afin qu’il soit absolu.

J’allumai doucement et avec précaution la vieille et précieuse lampe de verre jaune, posée sur la table ronde du salon, dans le coin, à côté de la cheminée, et bien que ne l’ayant pas fait depuis très longtemps, je composai rapidement la machiavélique combinaison du coffre, pas si fort que cela, puisque je pus l’ouvrir en faisant le chiffre 6, car nous étions 6 enfants, le chiffre 1 parce que j’étais le premier, le 5, parce les 5 autres frères et sœurs, le 4, car notre fratrie compte 4 filles, le 2 pour les deux garçons, et enfin le dernier chiffre, nos deux parents et nous six, ce qui faisait 8.


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Texte CSi. – 22/11/2016

Je mis les doigts sur mes lèvres, puis sur les siennes, ses yeux s’agrippèrent aux miens, nous ne bougions plus, sens en alerte, membres tendus en attente d’un raclement de chaise, d’une ouverture de porte, d’un appel d’en bas, signes qu’il faudrait déguerpir au plus vite. Rien ne vint. Il regarda par la rampe, je m’approchai de la fenêtre pour examiner la cour. La pochette était légère, gonflée, je l’avais glissée sous mon pull entre la poitrine et la taille, refermant complètement la fermeture éclair de mon blouson pour bien la masquer. Il se retourna vers moi, hocha de la tête pour nous indiquer que la voie était libre, commença à descendre puis se retourna à nouveau et d’une torsion du poignet me demanda où je l’avais mise, la pochette en soie grise. Il faisait le guet, c’était sa mission, chaque fois, et chaque fois il en était frustré. Mais il savait bien que c’était comme ça. D’une pichenette, je lui fis signe de poursuivre la descente. Au pied de l’escalier, nous allions affronter le tronçon le plus délicat, passer devant la porte de la cuisine ouverte où normalement Sylviane préparait le dîner. Un frottement régulier et des heurts doux nous indiquèrent qu’elle était sans doute en plein glaçage de choux et d’éclairs. Nous nous coulâmes le long du mur, moi la première, toujours, tâchant de ne pas buter contre le boîtier des clés, je glissai un œil à l’intérieur de la pièce, Sylviane fourrageait dans un placard, je tendis le pouce vers le gamin en guise de succès. Nous traversâmes la zone exposée, deux fantômes furtifs et plongèrent vers la porte d’entrée. L’ouvrir fut un jeu d’enfant, Sylviane ayant décidé à ce moment-là de rincer à grande eau ses saladiers de travail.

Nous courûmes le long du quai, ne saluèrent ni le vieux Thomas, assis résigné sur son banc, tentant vainement de distraire sa solitude à grands coups de canne dans les cailloux, ni la fille Nauton, qui depuis le week-end précédent me battait froid parce que j’avais flirtouillé avec son amoureux lors du bal des pompiers. En tout cas, le gamin, lui, m’avait dépassé et fonçait vers la maison de la grand-mère, celle devant laquelle le linge séchait sur un fil tendu entre deux poteaux. Elle, l’Emilie, était de la branche pauvre et elle gagnait son café en faisant les lessives du notaire, encore maintenant. Elle vieillissait l’Emilie, le blanc des torchons virait au gris, et elle pestait contre cette eau si peu calcaire qu’il lui fallait faire au moins trois rinçages, crevassant tant et plus ses mains déformées. Il me fit signe de me dépêcher, il ne fallait pas que quelqu’un nous voie, nous reconnaisse. Allez grouille-toi qu’il me lança lorsque nous pénétrâmes dans la pièce sombre du bas. Tu l’as me lança-t-il impatient ? Non c’est toi, mais chuut ! Tais-toi, bon sang ! Elle peut entendre ! Mais non, elle est là-haut, sourde comme un pot ! Tais-toi je te dis. Exigeant le silence absolu, je sortis de mon blouson la pochette grise, et lui indiquai sa poche de pantalon. Il fouilla et avec un grand sourire me tendit le papier qu’il y trouva. Obscure, la pièce était encombrée de vieux vélos, d’une vieille table de ferme croulant sous des jardinières ébréchées, l’un de ses murs était tapissé des restes d’un plancher. Nous nous dirigeâmes vers l’évier en grès posé sur une vielle caisse de munitions, je la déplaçai légèrement pour laisser apparaître, dans une cavité du mur, un petit coffret en métal brillant. Je le déposai sur la table, le cadran à molettes vers moi et j’allumai la lampe jaune du coin. Le gamin me collait au corps, agité, je le sentais presque défaillir. Allez, montre ! Tu crois que c’est la bonne ? Moi j’en étais sûre, que cette parure-là était la sœur jumelle de celle que nous avions déjà subtilisée et déposée en sécurité, ici, derrière la plinthe d’un mur délabré, mais je voulais le faire marner, un peu, pour lui faire payer son manque de rigueur tout à l’heure, devant la chambre de la mère. Il avait bien failli nous faire coincer ! Comment aurions-nous expliqué notre présence à cette heure-là dans sa chambre, hein ? Il y avait peu de chances, c’était le jour où mère recevait, trois tables de bridges, alors … mais quand même, il fallait le dompter ce gamin, la prochaine fois, il faudrait peut-être que je change de second, on verra ! Le gamin sautillait, me bourrait les côtes de coups pour m’inciter à finir. Je lui enfonçai mon coude dans le ventre pour le stopper net, il se plia en deux suffoquant. Je lui tapotai l’épaule, bon, alors tu regardes ? et je composai la combinaison du coffre-fort : six un cinq quatre deux huit.".


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Texte B.M. et M.D. – 13/09/2016

Je mis mes doigts sur mes lèvres gercées par le froid pour atténuer la douleur. Toutes ces nuits se ressemblaient: le froid, l´obscurité, l´ennui. Comme hier, comme avant-hier, comme toutes les nuits, je tenais la garde de la villa, fermant en alternance l´œil droit, puis l´œil gauche pour économiser la moitié de mes énergies visuelles.

Mais cette fois-ci, il y avait quelque chose d´inattendu. Quelque chose qui attirait mon regard. Dans le noir, j´aperçus deux silhouettes qui s´approchaient à pas de loup. Elles avaient l´air bien décidé d´entrer dans la maison. Depuis quinze ans, tel qu´un personnage de Buzati, j´attends ce moment qui justifie de ma fonction de gardien de nuit. Le cœur battant, j´observai leurs mouvements gracieux et déterminés. -Ne t’excite pas dans une situation exigeant le silence absolu, me dis-je. - Reste serein !

Mais quel défi ! Puisque revenaient les souvenirs d´enfance quand la petite clochette agitée par le curé pour inviter à un moment d´introspection déclenchait chez moi toujours un irrépressible faux-rire…. Respirer … Ouff, je me sentais devenir maître de mes réactions et réussir à me concentrer complètement dans l´observation des deux apparitions. Elles s´apprêtèrent courageusement à franchir les limites d´intimité d´autrui que j´étais censé protéger.

Une envie me saisit à les joindre. Je me lançai alors vers eux. Ils poussèrent un cri. Je les avais effrayés. Paniqué, les mains tremblant, j´allumai la lampe du coin du jardin pour mettre en lumière cette affaire.

“Ne craignez rien. Je suis avec vous. Je vais vous aider. Je connais les lieux. Suivez-moi.” Je réalisai à l´instant même que ce fut l´opportunité à ne pas manquer. Dans une fraction de seconde, je calculai que les richesses croupies dans le coffre-fort devraient représenter bien plus que je pouvais gagner dans ma vie entière à faire le chien de garde accroché à son maigre salaire.

 Une fois mes deux complices acquis, je les invitai à me suivre avec une pointe de fierté dans ces lieux que je connaissais si bien. Je composai la combinaison du coffre-fort et laissai le compagnon ouvrir la porte avec cérémonie.

Fin I

A notre grande surprise une lumière s´alluma et nous dévoila le contenu du coffre: Un vide total un petit bout de papier au milieu du rien. Décontenancé, je le sortis et lus ce qui y était griffonné : téléphonez au 06 36 15 42 08.

Fin II

Une vague de froid nous saisit. Elle nous fit frissonner. Une lumière s´alluma et on dévoila le contenu du coffre: 6 oeufs, 1 concombre, 5 saucissons, 4 citrons, 2 mottes de beurre et malheureusement 0 cannettes de bière par pack de 8.


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Texte C.R. – 13/09/2016

Je saisis le verre, le mis sur le guéridon, y trempai les doigts pour en sortir les glaçons que je jetai par terre, ne supportant pas le contact de la glace sur mes lèvres. A part ça, je ne suis pas exigeant. Le maître d’hôtel le sait, qui opère en silence, et ne m’a jamais pris pour un tyran absolu. En mission ce soir-là, j’allumai sciemment la petite minette qui se tenait au bar, près de la lampe, dont l’abat-jour lui donnait un teint jaune de mandarine ictérique. Manifestement, la demoiselle n’est pas du coin, et sirote son martini en affichant la moue renfrognée de la maîtresse un peu sotte à qui on a oublié de faire la leçon. Et si Bob m’avait bien renseigné, elle devait être furax contre Big Tony qui lorgnait sur une danseuse exotique. Je me composai un sourire tendre, un peu canaille, dont je sais qu’il est efficace, et emballai rapidement la jeune gourde qui, séduite et surtout ivre de rancœur alcoolisée, me conduisit jusqu’à la chambre que lui avait réservée Big Tony. , elle fit tomber sa robe, dévoilant une combinaison de soie des plus affriolante. Je lui servis un nouveau verre, bien tassé au somnifère. Un baiser et bonne nuit. La fille me m’ennuierait plus. Je m’approchai du coffre-fort. En six minutes, je vins à bout de la serrure. La porte s’ouvrit sans bruit. La fille ronflait toujours. Dans l'un des cinq compartiments, je trouvai les quatre sachets de diamants sur lesquels Bob m’avait rencardé, et qui finirent dans ma poche. J’allais refermer et disparaître, quand je remarquai une bobine de film. En la déroulant rapidement devant la lampe, la surprise fut telle que je faillis m’étrangler. Deux choses me vinrent à l’esprit : que maintenant je savais ce qu’il s’était passé le vingt-deux novembre soixante-trois, et que Big Tony allait payer une fortune pour récupérer ce foutu film. J’adore le super-huit.


Texte A.T. – 14/03/2017

Je mangeais son visage des yeux, mis mon regard dans ses prunelles couleur ciel d'orage. Les bras tremblants, j'approchais ses mains de mes seins, mes doigts délicatement se posaient sur sa nuque. J'approchais mes lèvres des siennes, les effleurant, et déposais un baiser sur son cou. Mon désir exigeant faisait battre mon cœur à une allure folle, repoussant le silence dans un abîme absoluJ'allumai ses sens, la chaleur de son corps l'attestait. La lampe auréolée de lumière jaune éclairait faiblement la salle de bains, du coin où nous nous tenions nous la devinions à peine. Je serrai ses épaules, et je me composai un sourire de circonstance, énigmatique. J'ouvris sa combinaison de travail, il poussa un cri puissant : il avait du coffre ! : il était fort de poitrine, au moins six mains pour en faire le tour. Un cinq à sept à quatre heures de l'après-midi, avec deux fuites d'eau dans la maison, j'étais véritablement bien allumée pour exécuter un grand huit.

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Texte C.Sc. – 23/01/2017

 

Je mis des gants avant de passer les doigts sur la serrure pour juger de sa solidité. Un soupir s'échappa de mes lèvres, j'étais presque déçu que ça s'annonce si facile. Un mécanisme exigeant de moi aussi peu d'efforts, c'était assez surprenant. La serrure céda vite et dans le silence le plus absolu. J'allumai la lampe torche, et promenai son halo jaune autour de moi, dans ce grenier où devait m'attendre le gros lot. Du coin le plus éloigné, dans un bric-à-brac invraisemblable, émergèrent les contours du vieux coffre en bois que Chloé m'avait décrit. Tout cela était bien facile et en me dirigeant vers le coffre, je composai mentalement le texto que je lui enverrais pour la féliciter d'avoir si bien repéré les lieux. Cette brave Chloé, on a toujours bien travaillé ensemble et malgré mes nombreux écarts, elle m'aimait toujours. Je retirai fébrilement la pile de vieilles nippes – combinaison d'un autre âge, châle, vieux chapeaux – du dessus du coffre. Je fus fort surpris dès que je l'eus ouvert, car au lieu du butin attendu, il y avait six articles de journaux, l'un parlant de notre fameux casse au casino, les cinq autres relatant mes frasques avec quelques beautés de passage. Le temps de comprendre que Chloé m'avait piégé, elle était sortie de sa cachette et pointait son arme sur moi. Elle tira à quatre reprises, c'était plus qu'il n'en fallait pour m'envoyer ad patres, comprenant en un éclair qu'elle ne m'avait jamais rien pardonné. C'est ainsi, sous la vengeance de Chloé et non pas comme on le raconte, sous les balles d'une bande rivale, que je suis mort en deux mille huit.

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Texte S.B. – 21/01/2017

Je n’avais jamais vu cet homme auparavant. Il était plutôt bien mis, vêtu d’un costume sombre et d’une chemise blanche. Les doigts passés négligemment dans ses cheveux avaient un peu discipliné ses boucles. Il lisait sur mes lèvres comme je lisais sur les siennes depuis quelques minutes. Le restaurateur exigeant le silence absolu pour cette soirée un peu particulière, où le dîner devait se dérouler sans un mot afin que tout un chacun puisse déguster en toute concentration les mets délicats du chef, les participants, dont j’étais, s’étaient installés autour de la table. Chacun ignorait tout des autres convives, un carton portant notre prénom et placé devant les verres indiquait notre place. J’étais donc assise en face de cet homme et l’on venait de nous servir une coupe d’un excellent champagne. Un menu était placé à côté de chaque assiette mais je ne sais pour quelle raison, le mien manquait. Mon vis- à- vis me lut donc obligeamment le nom du cru et l’année de vendanges. De ses lèvres ne s’échappait aucun son, mais son articulation était parfaite, et comme il ne portait ni barbe ni moustache, la lecture labiale en était facilitée.

J'allumai discrètement mon téléphone afin d’en consulter l’heure, je ne porte jamais de montre. Vingt heures, le repas commençait à l’heure prévue, je ne rentrerais donc pas trop tard, je pourrais entamer la rédaction de mon article sitôt à la maison. La mise en bouche se révéla originale, à base de fraise et de foie de morue. Heureusement que mon voisin d’en face m’en délivra le libellé à voix muette, je n’aurais pas forcément débusqué la pointe de pastis qui liait les saveurs. Les autres convives dégustaient en silence, évitant de se regarder pour ne pas rompre la concentration presque palpable autour de la table. Lorsque Frédéric, nous avions échangé nos prénoms après « les frivolités de l’étang », m’annonça le « mouillon de boulet au poivre bouge, magret futé et feuillu d’hiver », je compris que la soirée s’annonçait cocasse et qu’il était temps que je travaille ma lecture sur les lèvres. Réprimant de justesse un éclat de rire bruyant qui aurait indigné la tablée, je me concentrai sur la lampe jaune du coin le plus éloigné de ma place et je me composai la mine en accord avec le plat, subtile combinaison de gaité contenue et d’attentive componction. Vers minuit, juste avant le « Délice de Colombie » que Frédéric prononça silencieusement « café », nous avions échangé trente-deux sourires et entamé de multiples conversations aphones. Il éclata enfin d’un rire libérateur et bref. Pas assez bref cependant, je pus constater comme toute l’assemblée consternée qu’il avait du coffre, qu’il riait vraiment fort … Et qu’il avait du charme, beaucoup de charme… Il cessa de rire, conscient de l’émoi qu’il suscitait parmi les convives, et découvrant mon sourire ravi, il fit de la main le geste d’approcher un téléphone imaginaire de son oreille et articula de ses lèvres silencieuses « zéro six un cinq quatre deux … ». Les autres chiffres échappèrent à ma compréhension. Il les griffonna sur le menu qu’il me tendit.

Je l’appelai dès le lendemain. Sa voix que j’entendais pour la première fois me plut. Il rit d’entendre la mienne, haut perchée et me donna rendez-vous à la foire du trône, près du grand huit

 

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Texte CMLG – 03/12/2016

Je pénétrai lentement dans la pièce, et mis instinctivement les deux doigts de ma main gauche rougis par le froid et un peu gourds, sur le bout de mes deux lèvres tremblantes, exigeant du regard le total silence, afin qu’il soit absolu.

J’allumai doucement et avec précaution la vieille et précieuse lampe de verre jaune, posée sur la table ronde du salon, dans le coin, à côté de la cheminée, et bien que ne l’ayant pas fait depuis très longtemps, je composai rapidement la machiavélique combinaison du coffre, pas si fort que cela, puisque je pus l’ouvrir en faisant le chiffre 6, car nous étions 6 enfants, le chiffre 1 parce que j’étais le premier, le 5, parce les 5 autres frères et sœurs, le 4, car notre fratrie compte 4 filles, le 2 pour les deux garçons, et enfin le dernier chiffre, nos deux parents et nous six, ce qui faisait 8.

 

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Texte CSi. – 22/11/2016

Je mis les doigts sur mes lèvres, puis sur les siennes, ses yeux s’agrippèrent aux miens, nous ne bougions plus, sens en alerte, membres tendus en attente d’un raclement de chaise, d’une ouverture de porte, d’un appel d’en bas, signes qu’il faudrait déguerpir au plus vite. Rien ne vint. Il regarda par la rampe, je m’approchai de la fenêtre pour examiner la cour. La pochette était légère, gonflée, je l’avais glissée sous mon pull entre la poitrine et la taille, refermant complètement la fermeture éclair de mon blouson pour bien la masquer. Il se retourna vers moi, hocha de la tête pour nous indiquer que la voie était libre, commença à descendre puis se retourna à nouveau et d’une torsion du poignet me demanda où je l’avais mise, la pochette en soie grise. Il faisait le guet, c’était sa mission, chaque fois, et chaque fois il en était frustré. Mais il savait bien que c’était comme ça. D’une pichenette, je lui fis signe de poursuivre la descente. Au pied de l’escalier, nous allions affronter le tronçon le plus délicat, passer devant la porte de la cuisine ouverte où normalement Sylviane préparait le dîner. Un frottement régulier et des heurts doux nous indiquèrent qu’elle était sans doute en plein glaçage de choux et d’éclairs. Nous nous coulâmes le long du mur, moi la première, toujours, tâchant de ne pas buter contre le boîtier des clés, je glissai un œil à l’intérieur de la pièce, Sylviane fourrageait dans un placard, je tendis le pouce vers le gamin en guise de succès. Nous traversâmes la zone exposée, deux fantômes furtifs et plongèrent vers la porte d’entrée. L’ouvrir fut un jeu d’enfant, Sylviane ayant décidé à ce moment-là de rincer à grande eau ses saladiers de travail.

Nous courûmes le long du quai, ne saluèrent ni le vieux Thomas, assis résigné sur son banc, tentant vainement de distraire sa solitude à grands coups de canne dans les cailloux, ni la fille Nauton, qui depuis le week-end précédent me battait froid parce que j’avais flirtouillé avec son amoureux lors du bal des pompiers. En tout cas, le gamin, lui, m’avait dépassé et fonçait vers la maison de la grand-mère, celle devant laquelle le linge séchait sur un fil tendu entre deux poteaux. Elle, l’Emilie, était de la branche pauvre et elle gagnait son café en faisant les lessives du notaire, encore maintenant. Elle vieillissait l’Emilie, le blanc des torchons virait au gris, et elle pestait contre cette eau si peu calcaire qu’il lui fallait faire au moins trois rinçages, crevassant tant et plus ses mains déformées. Il me fit signe de me dépêcher, il ne fallait pas que quelqu’un nous voie, nous reconnaisse. Allez grouille-toi qu’il me lança lorsque nous pénétrâmes dans la pièce sombre du bas. Tu l’as me lança-t-il impatient ? Non c’est toi, mais chuut ! Tais-toi, bon sang ! Elle peut entendre ! Mais non, elle est là-haut, sourde comme un pot ! Tais-toi je te dis. Exigeant le silence absolu, je sortis de mon blouson la pochette grise, et lui indiquai sa poche de pantalon. Il fouilla et avec un grand sourire me tendit le papier qu’il y trouva. Obscure, la pièce était encombrée de vieux vélos, d’une vieille table de ferme croulant sous des jardinières ébréchées, l’un de ses murs était tapissé des restes d’un plancher. Nous nous dirigeâmes vers l’évier en grès posé sur une vielle caisse de munitions, je la déplaçai légèrement pour laisser apparaître, dans une cavité du mur, un petit coffret en métal brillant. Je le déposai sur la table, le cadran à molettes vers moi et j’allumai la lampe jaune du coin. Le gamin me collait au corps, agité, je le sentais presque défaillir. Allez, montre ! Tu crois que c’est la bonne ? Moi j’en étais sûre, que cette parure-là était la sœur jumelle de celle que nous avions déjà subtilisée et déposée en sécurité, ici, derrière la plinthe d’un mur délabré, mais je voulais le faire marner, un peu, pour lui faire payer son manque de rigueur tout à l’heure, devant la chambre de la mère. Il avait bien failli nous faire coincer ! Comment aurions-nous expliqué notre présence à cette heure-là dans sa chambre, hein ? Il y avait peu de chances, c’était le jour où mère recevait, trois tables de bridges, alors … mais quand même, il fallait le dompter ce gamin, la prochaine fois, il faudrait peut-être que je change de second, on verra ! Le gamin sautillait, me bourrait les côtes de coups pour m’inciter à finir. Je lui enfonçai mon coude dans le ventre pour le stopper net, il se plia en deux suffoquant. Je lui tapotai l’épaule, bon, alors tu regardes ? et je composai la combinaison du coffre-fort : six un cinq quatre deux huit.".

 

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Texte B.M. et M.D. – 13/09/2016

Je mis mes doigts sur mes lèvres gercées par le froid pour atténuer la douleur. Toutes ces nuits se ressemblaient: le froid, l´obscurité, l´ennui. Comme hier, comme avant-hier, comme toutes les nuits, je tenais la garde de la villa, fermant en alternance l´œil droit, puis l´œil gauche pour économiser la moitié de mes énergies visuelles.

Mais cette fois-ci, il y avait quelque chose d´inattendu. Quelque chose qui attirait mon regard. Dans le noir, j´aperçus deux silhouettes qui s´approchaient à pas de loup. Elles avaient l´air bien décidé d´entrer dans la maison. Depuis quinze ans, tel qu´un personnage de Buzati, j´attends ce moment qui justifie de ma fonction de gardien de nuit. Le cœur battant, j´observai leurs mouvements gracieux et déterminés. -Ne t’excite pas dans une situation exigeant le silence absolu, me dis-je. - Reste serein !

Mais quel défi ! Puisque revenaient les souvenirs d´enfance quand la petite clochette agitée par le curé pour inviter à un moment d´introspection déclenchait chez moi toujours un irrépressible faux-rire…. Respirer … Ouff, je me sentais devenir maître de mes réactions et réussir à me concentrer complètement dans l´observation des deux apparitions. Elles s´apprêtèrent courageusement à franchir les limites d´intimité d´autrui que j´étais censé protéger.

Une envie me saisit à les joindre. Je me lançai alors vers eux. Ils poussèrent un cri. Je les avais effrayés. Paniqué, les mains tremblant, j´allumai la lampe du coin du jardin pour mettre en lumière cette affaire.

“Ne craignez rien. Je suis avec vous. Je vais vous aider. Je connais les lieux. Suivez-moi.” Je réalisai à l´instant même que ce fut l´opportunité à ne pas manquer. Dans une fraction de seconde, je calculai que les richesses croupies dans le coffre-fort devraient représenter bien plus que je pouvais gagner dans ma vie entière à faire le chien de garde accroché à son maigre salaire.

 Une fois mes deux complices acquis, je les invitai à me suivre avec une pointe de fierté dans ces lieux que je connaissais si bien. Je composai la combinaison du coffre-fort et laissai le compagnon ouvrir la porte avec cérémonie.

Fin I

A notre grande surprise une lumière s´alluma et nous dévoila le contenu du coffre: Un vide total un petit bout de papier au milieu du rien. Décontenancé, je le sortis et lus ce qui y était griffonné : téléphonez au 06 36 15 42 08.

Fin II

Une vague de froid nous saisit. Elle nous fit frissonner. Une lumière s´alluma et on dévoila le contenu du coffre: 6 oeufs, 1 concombre, 5 saucissons, 4 citrons, 2 mottes de beurre et malheureusement 0 cannettes de bière par pack de 8.

 

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Texte C.R. – 13/09/2016

Je saisis le verre, le mis sur le guéridon, y trempai les doigts pour en sortir les glaçons que je jetai par terre, ne supportant pas le contact de la glace sur mes lèvres. A part ça, je ne suis pas exigeant. Le maître d’hôtel le sait, qui opère en silence, et ne m’a jamais pris pour un tyran absolu. En mission ce soir-là, j’allumai sciemment la petite minette qui se tenait au bar, près de la lampe, dont l’abat-jour lui donnait un teint jaune de mandarine ictérique. Manifestement, la demoiselle n’est pas du coin, et sirote son martini en affichant la moue renfrognée de la maîtresse un peu sotte à qui on a oublié de faire la leçon. Et si Bob m’avait bien renseigné, elle devait être furax contre Big Tony qui lorgnait sur une danseuse exotique. Je me composai un sourire tendre, un peu canaille, dont je sais qu’il est efficace, et emballai rapidement la jeune gourde qui, séduite et surtout ivre de rancœur alcoolisée, me conduisit jusqu’à la chambre que lui avait réservée Big Tony. , elle fit tomber sa robe, dévoilant une combinaison de soie des plus affriolante. Je lui servis un nouveau verre, bien tassé au somnifère. Un baiser et bonne nuit. La fille me m’ennuierait plus. Je m’approchai du coffre-fort. En six minutes, je vins à bout de la serrure. La porte s’ouvrit sans bruit. La fille ronflait toujours. Dans l'un des cinq compartiments, je trouvai les quatre sachets de diamants sur lesquels Bob m’avait rencardé, et qui finirent dans ma poche. J’allais refermer et disparaître, quand je remarquai une bobine de film. En la déroulant rapidement devant la lampe, la surprise fut telle que je faillis m’étrangler. Deux choses me vinrent à l’esprit : que maintenant je savais ce qu’il s’était passé le vingt-deux novembre soixante-trois, et que Big Tony allait payer une fortune pour récupérer ce foutu film. J’adore le super-huit.

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Mise à jour le 21.02.22
 
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