Lassé de son quotidien, Donald prend trois mois de congés sabbatiques pour naviguer seul en mer du Nord. Lorsqu'il fait venir sa petite fille pour les tout derniers jours du voyage, les choses s'annoncent plutôt bien. Mais le temps change, le vent se met à souffler fort, le père commence à s'inquiéter, et tout à coup la petite fille n'est plus là …

Ce premier roman néerlandais a obtenu le prix Médicis étranger 2013, une fois de plus les lecteurs ont su distinguer le livre avant les jurys.

Et une bonne partie d'entre eux recommande ce premier roman, selon eux très prometteur même si l'on en voit encore un peu les coutures. "ça m'a beaucoup plu – C'est bien traduit – J'ai beaucoup apprécié – C'est agréable à lire". On sent que l'auteur a du talent, en particulier dans son art d'amener tout doucement à percevoir l'état psychologique du père et son univers dépressif. Mais aussi dans sa façon de dérouter le lecteur entre réel et imaginaire. Parfois on se demande si la petite fille existe vraiment – oui mais pas là où on l'attendait –, on se demande ce qui est finalement réel, ce que le héros a vraiment vécu. A la fin ce n'est que parce qu'il est blessé qu'on est sûr qu'il s'est passé quelque chose. La conclusion est astucieuse, on sait qu'il va se passer un événement important mais on ne s'attend pas à ce qui arrive. L'auteur sait aussi nous faire très peur, on est parfois dans un vrai thriller, notamment dans la scène, particulièrement forte, où le père croit apercevoir sa fille en mer. On ne sait pas quand la folie a débuté, à quel niveau tout a dérapé.

S'expriment aussi des avis plus nuancés : dès le premier tiers on sent ce qui va se passer, le mode d'emploi est un peu trop visible. Il y a des moments où on est un peu perdu, ce qui amène à relire des passages. La fin est une belle astuce, on sait bien que le dénouement sera inattendu, mais on pouvait s'attendre à plus. La fin rassure en quelque sorte en démontrant que "en effet il délire". On n'est pas trop surpris, voire un peu ennuyé "en fin de compte il ne se passe pas grand' chose". Peut-on dire qu'il y a deux fins ?

Quant à l'écriture, elle ne fait pas non plus l'unanimité. "Pas de style affirmé" versus "style assez court, haletant", mais que l'auteur aurait pu couper encore.

 Sont évoqués le livre de David Vann, Sukkwan Island, ainsi que l'aventure de Moitessier.