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Ouvrage 

Titre:
Sur les barques de Braque
Auteur:
Dor (Edouard)
Edition:
Michel de Maule
Réunion du:
01.04.2014

Commentaire

lesbarquesdebraque

Le livre a paru fin 2012, quelques mois avant l'exposition rétrospective de l'œuvre de Georges Braque au Grand Palais. L'auteur, Edouard DOR, est un fin connaisseur du cubisme et publie essentiellement des essais sur l'art.

 

Les barques de Braque : difficile évidemment de passer à côté de l'anagramme alors que les barques sont peu connues du grand public. Ce sont essentiellement de petits formats disséminés chez des collectionneurs privés, et on saisit l'ampleur du travail réalisé par Edouard DOR pour retrouver et répertorier ces œuvres.

 

Braque a peint quelques dizaines de barques dans deux styles différents, jusqu'en 1911 quelques-unes dans le style fauve, de 1928, donc à partir de l'âge de 46 ans jusqu'à sa mort à l'âge de 81 ans, environ soixante barques d'un style plus intimiste de facture plutôt cubiste.

 

Entre ces deux périodes deux épisodes majeurs ont marqué sa vie : en 1907-1908, dès sa rencontre avec Picasso, il peint son premier sujet cubiste "Grand Nu" et invente avec Picasso le mouvement cubiste. En 1914 il est blessé au combat, laissé pour mort, retrouvé presque par miracle et trépané. Il ne reprendra les pinceaux qu'en 1917.

 

Braque recommence en 1928à peindre des barques qui diffèrent du pur style cubiste, représentant une série homogène comme le sont les autres séries : billards, ateliers, oiseaux, musiciens, guéridons, cheminées. Une trentaine sur environ soixante est représentée dans ce livre, et ces barques sont singulières :

-          elles sont vides,

-          elles sont pour la plupart échouées,

-          les couleurs ne sont pas très vives et on y trouve presque toujours du noir et du blanc.

L'on peut faire des rapprochements de signification avec les barques solaires pharaoniques, le noir et le blanc, le jour et la nuit, la vie et la mort, le vide et le plein comme l'explique François Cheng (cité) dans son livre Vide et plein.

 

Il n'est pas nécessaire d'être spécialiste de Braque pour lire ce livre très agréable, ou plutôt suivre son cours, le prendre et le reprendre, lire le texte, regarder. Le commentaire descriptif – et un peu lyrique – de chaque barque apporte un éclairage au tableau mais en lui laissant son mystère. On peut citer par exemple l'emboîtage cubiste décrit page 40. Au fil de la lecture on se laisse porter par ce qui se dégage de ces barques, par la possibilité qu'elles offrent de rêver, de décoller du réel.

 

La préface donne de nombreuses indications, appuyées de citations particulièrement éclairantes, sur cette entreprise apparemment modeste. Braque aurait renoué là, en se promenant à Varengeville dans la fascination pour le ciel et la mer, avec une nostalgie et une intimité qui l'a fait toucher à l'essentiel, l'immobilité, la vie, la mort. Il a montré dans ces barques une grande sensibilité, alors qu'il est allé par ailleurs le plus loin possible dans l'abstraction. Ces barques qu'on ne voit presque jamais, passant presque inaperçues, sont d'ordinaire réservées à quelques happy fews.

 

Comment résister à citer quelques phrases de Georges Braque mentionnées dans la préface :

"J'ai fait une grande découverte : je ne crois plus dorénavant à rien. Les objets n'existent pas pour moi, sauf dans la mesure où un rapport existe entre eux et moi-même : c'est cet "entre-deux" qui est le vrai sujet de mes tableaux."

"Le tableau est fini quand l'idée a disparu."

"Lorsque l'on atteint cet état d'harmonie entre les choses et soi, on atteint une sorte de néant intellectuel – ce que je ne puis décrire que comme un état de liberté et de paix parfaites – ce qui rend tout possible et juste. La vie devient alors une véritable révélation. Ça, c'est de la vraie poésie !"

 

Braque a-t-il utilisé dans sa peinture le nombre d'or ? Un lecteur affirme que oui, étude circonstanciée à l'appui !

 

Est signalé un autre texte sur Braque, Braque le patron, de Jean Paulhan, publié par Imaginaire Gallimard.

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Mise à jour le 12/04/2024