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CommentaireMichèle Desbordes, décédée il y a deux ans, a été bibliothécaire à Orléans, elle a aussi beaucoup voyagé et énormément lu. Elle a écrit des ouvrages exigeants et séduisants, dans un style et une écriture très maîtrisés. Comment décrire Les Petites Terres ? Autour du thème central de la mort de son ex-mari, du regret de n'avoir pas été là aux bons moments, du remords de n'avoir pas pu l'accompagner comme il fallait, l'auteur nous propose une déambulation dans sa pensée, dans les trains qu'elle prend, dans ses voyages littéraires. Elle se réfère notamment à son essai Dans le temps qu'il marchait sur le retour d'Hölderlin en Allemagne depuis Bordeaux et au carnet de voyage de Werner Herzog Sur le chemin des glaces (lorsqu'il apprend que son amie Lotte Eisner est très malade, il décide de se rendre auprès d'elle à pied, de Munich à Paris, avec la certitude qu'au bout du chemin elle serait vivante et hors de danger). C'est un texte très émouvant qui a profondément touché de nombreux lecteurs par son évocation de l'amour, de la mort, du remords, de la mémoire, de ce qui reste de soi. L'extrait cité en quatrième de couverture illustre bien ce qui est développé dans le livre : " … cette étrange et brillante, et croirait-on inoubliable mosaïque, où rien ni personne ne permettra de dire vraiment qui nous fûmes". Les voyages vers qui se meurt, le cheminement de la pensée, la manière de décrire les événements, le sentiment d'urgence – Michèle Desbordes note tout ce qu'elle voit au même niveau, il faut qu'elle dise tout, elle se savait malade, c'est une littérature vitale – tout contribue à l'émotion. Les termes de "magnifique", de "merveilleux" reviennent à plusieurs reprises dans les propos des lecteurs. L'écriture faite de longues phrases concentriques est parfois difficile et pourtant superbe, très littéraire, fine, pensée, analysée, travaillée. Ciselée. La lecture à voix haute est recommandée par certains qui ont ainsi trouvé le rythme et la respiration du texte. Des réserves s'expriment pourtant sur le côté très intellectuel de l'écriture qui peut aller jusqu'à l'affectation, l'exercice de style, l'entêtement à bien écrire. Le sous-titre "bribes, fragments, parcelles" pourrait annoncer une forme littéraire alors qu'il s'applique en réalité au propos. Un recours moins systématique aux références littéraires et cinématographiques ne laisserait-il pas le livre plus intemporel ? La ténuité des notations ne va-t-elle pas parfois jusqu'à l'insignifiance ? (mais nous nous intéressons aux petites choses dans les situations de désarroi, lors de nos spirales de malaise). C'est en tout cas un livre à relire, à lire à haute voix, à lire en prenant le temps, un livre de chevet à reprendre, à laisser, … Un livre vivant.
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