Une source est apparue on ne sait comment au premier étage d'un vieil immeuble du centre de Luanda, en Angola. Les habitants de l'immeuble et leurs amis s'y retrouvent régulièrement. On rentre ainsi dans plusieurs destins à travers l'histoire de vie de chacun.

Cela donne un tableau très vivant et très mélangé de personnages hauts en couleur, un beau kaléidoscope de vie et de débrouillardise. L'un crée un cinéma sur le toit d'un immeuble, un autre, aveugle, voit plus loin que tout le monde. C'est une société de la débrouille qui tente de vivre comme elle peut. D'autres catégories sociales sont aussi représentées par les personnages des ministres, journalistes, chercheurs, … qui eux incarnent la corruption et les problèmes politiques lié à l'exploitation de l'eau et du pétrole. La critique n'est pas explicite mais transparaît dans les relations entre les deux mondes. La description est à la fois truculente et dramatique, teintée d'ironie douce, et les personnages très riches. Les protagonistes n'ont pas l'air trop attristé par les coups du sort et restent humains et solidaires, tableau qui peut paraître un peu embelli.

L'écriture est d'une grande inventivité et d'une grande poésie. On est dans un imaginaire très fort, caractéristique de la littérature africaine contemporaine, très dynamique et pleine d'énergie. "C'est la littérature en train de se faire, un flot de poésie, une inventivité qui libère du classicisme, on sent que c'est jeune, la langue vit."

Si certains lecteurs n'ont pas réussi du tout à "entrer dans l'immeuble" (sentiment d'avoir déjà lu la même chose, difficulté avec le style, prolifération des personnages, progression assez lente de l'histoire), la plupart ont plutôt bien apprécié le livre, avec quelques réserves de forme sur le style ou la longueur du texte, à resserrer peut-être un peu. Référence est faite à Lobo Antunes sur la forme du texte (alinéas, phrases interrompues, ponctuation) ou encore à Saramago pour la couleur portugaise.

Ondjaki a obtenu de nombreux prix littéraires, parmi lesquels le prix José Saramago en 2013 pour Les transparents.