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Commentaire
Yokomitsu Riichi est un écrivain japonais né en 1898 et mort en 1947. Très ouvert à la littérature et à l'art occidental, fasciné par Salammbô de Flaubert, il a écrit ce petit bijou en 1923, à partir d'une chronique chinoise du IIIe siècle. Cette chronique très brève sur les chefferies du Japon contient l'histoire d'une reine-chamane, Himiko, dominatrice des chefferies environnantes, histoire qui évoque le noyau du futur état nippon.
Le roman se situe avant l'histoire, dans un monde violent et sauvage. La princesse Himiko est d'une incroyable beauté, elle va se marier dans son royaume d'Umi, lorsqu'arrive un voyageur qu'elle prend soin d'accueillir. Il s'agit de Nagara, fils du royaume voisin de Na. Foudroyé par sa beauté, il revient l'enlever le jour de ses noces, et se déchaînent alors guerres et alliances entre les pays d'Umi, de Na et de Yamato, que Himiko subira tout d'abord avant qu'elle ne décide de se venger.
La violence de ce monde très sauvage peut parasiter la lecture, ou encore la difficulté à se repérer parmi tous les personnages, et c'est le cas pour quelques lecteurs. Dans l'ensemble pourtant l'ont emporté le style, l'originalité, la poésie de ce texte étonnant. On est plongé dans un monde qui naît, avec sa société à la fois très codifiée et très primaire. La nature – plantes et bêtes – est omniprésente, les hommes n'en sont pas séparés, ils font corps avec elle. La scène fantastique de Himiko et Kawaro émergeant de la montagne de cerfs sous laquelle ils se sont trouvés ensevelis, est l'un des exemples les plus marquants de la fusion entre hommes et nature. Le végétal, d'une incroyable précision, est présent à chaque page. Il n'est pas certain d'ailleurs que le lecteur occidental ait les clefs pour comprendre le rôle que jouent toutes ces plantes d'Asie. Les dialogues ont quelque chose d'incantatoire, on les imagine scandés par des acteurs de théâtre Nô. Le récit est simple, d'une violence stylisée et les scènes sont très visuelles, probablement de par le goût de l'auteur pour la peinture. Himiko est une tache claire dans toute cette brutalité, mais à la fin elle est en rouge pour aller à la guerre. Et elle n'est pas dénuée, elle non plus, de cruauté ou de perversité lorsqu'elle décide de se venger. Elle reste pourtant capable de pleurer les morts et semble avoir une forme de remords après avoir obtenu ce qu'elle voulait.
La postface du traducteur Benoît Grévin est remarquable. Très agréable à lire, intéressante et explicite, elle donne de nombreux éclairages sur le roman. "Soleil" est le seul ouvrage de Yokomitsu Riichi traduit en français. EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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