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Ouvrage 

Titre:
Une vie comme les autres
Auteur:
Yanagihara (Hanya)
Edition:
Buchet-Chastel
Réunion du:
03.04.2018

Commentaire

une-vie-comme-les-autres

Le roman suit sur plusieurs décennies quatre jeunes gens qui se sont connus pendant leurs études, Willem l'acteur, JB l'artiste peintre, Malcolm l'architecte et Jude le juriste. Cette histoire d'amitié masculine reflète l'Amérique actuelle, ses codes de virilité masculine et de désir de réussite. Les quatre protagonistes veulent réussir et y parviennent chacun dans son domaine, tout en gardant secrètes certaines de leurs blessures. Le passé de chacun et les relations qu'ils développent entre eux interrogent tout au long du roman les dispositions à l'empathie et l'endurance à la souffrance.

 

"Orgasmic man", ainsi s'intitule la photo de couverture de 1969 de Peter Hujar, c'est la même photo dans des éditions en différentes langues. On peut y voir aussi bien la douleur que l'extase, ce qui renvoie aux deux pôles du roman, où se trace un parallèle entre la vie professionnelle des protagonistes, leur réussite extérieure, et leur incapacité à parler de leurs blessures voire à les dépasser. Jude est le personnage central autour duquel s'organise le quatuor, c'est celui dont l'enfance a été la plus terrible. Il reste avec sa douleur cachée et incarne plus que les autres l'impossibilité de parler de certains vécus. Plus exactement il ne trouve d'exutoire à son redoutable passé qu'en se scarifiant, il est incapable de s'exprimer autrement qu'en se faisant du mal.

Le fil narratif est interrompu par des flashbacks où l'on découvre l'origine et le passé de chacun, notamment l'histoire de Jude mais aussi celle de Willem, issu d'un milieu modeste d'agriculteurs danois, marqué par le handicap de son frère.

 

Le roman a été un véritable coup de cœur pour une large majorité de lecteurs. Ils louent la finesse des portraits (par exemple dans la façon dont JB peint ses amis à partir de photos), l'art de décrire les comportements les plus banals et les plus inattendus, et l'habileté de la narration, qui tient en haleine jusqu'au bout. "L'auteure montre la scission entre être et apparence dans la personnalité de chaque protagoniste ; elle décrit bien la difficulté de chacun à s'exprimer et à s'ouvrir aux autres, même à ses intimes, et comment chacun se positionne en fonction de son origine dans le ballet entre ces quatre jeunes gens. – Elle convainc en poussant les comportements à l'extrême, notamment la compulsion de Jude à se scarifier. – Après avoir reconnu au tout début les ressorts classiques du roman anglo-saxon, j'ai enfin mis un mot sur ce que je lisais : c'est un roman de la vulnérabilité ; ici pas de résilience ; on ne veut pas le montrer, pourtant il y a des choses dont on ne revient pas ; c'est le portrait de quelqu'un qui souffre et qui ne se remettra pas. – C'est passionnant ; j'ai été surpris par ce qui arrive. – J'ai beaucoup aimé l'écriture, j'ai eu le sentiment d'être intégré à ce groupe. – J'ai eu beaucoup de plaisir avec ce livre, un groupe d'amis qui traverse les années dans la grande histoire et les petites histoires. On peut songer au prototype de l'Éducation sentimentale ou plus récent et également étasunien Le Groupe de Mary McCarthy, groupe féminin."

 

Il y a eu aussi quelques réticences et des sentiments d'attraction / répulsion. Une lectrice a dû s'accrocher pour poursuivre sa lecture, agacée par une forme de nombrilisme et une certaine complaisance à maintenir le suspense en ne révélant le passé de Jude qu'à toutes petites touches. Une autre n'a pu finir, "saturée de sentimentalisme, de candeur, de naïveté et de lieux communs ; on sent le procédé dans le dévoilement progressif de l'enfance de Jude ; les dialogues sont bavards et répétitifs".

 

D'après une interview au Guardian Hanya Yanagihara, qui travaille dans l'édition, a commencé tardivement sa carrière littéraire. Son premier roman se place dans la perspective de celui qui abuse, contrairement à celui-ci où elle donne la perspective de la victime. Pour écrire et dépeindre lieux et personnages elle s'entoure, comme JB l'artiste peintre de son roman, de photos et d'œuvres d'art.

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Mise à jour le 12/04/2024