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CommentaireSérotonine reprend le personnage archétypal des romans de Michel Houellebecq, à savoir un homme entre quarante et cinquante ans, pris dans un vide existentiel, affectif, sexuel, et professionnel, qui ici se soigne avec des comprimés qui le rendent impuissant. L'auteur le lance dans une longue errance, au cours de laquelle il va se remémorer ses amours et même tenter de les renouer. Il retrouvera aussi en Normandie un vieil ami devenu agriculteur, ce sera l'occasion de dénoncer la fragilité du monde agricole.
On se doutait bien qu'un roman de Houellebecq ne ferait pas l'unanimité … D'autant qu'il est difficile de de s'abstraire du battage médiatique et de l'image du personnage public. On peut même supposer que beaucoup de gens détestent Houellebecq sans l'avoir jamais lu.
Il y a bien sûr les lecteurs réellement enthousiastes, et parmi eux il s'en trouve qui ne l'avaient jamais lu. Ils sont entrés très facilement dans le roman, l'écriture est efficace et le sens de la narration indiscutable. Le personnage de Florent-Claude est attachant, il donne plus envie qu'avant d'être en sympathie avec lui, et on peut se sentir touché par quelque chose dans cet homme perdu. L'on n'est pas insensible non plus au regard humoristique, à la dérision toujours là, présente, car l'auteur ne se prend jamais tout à fait au sérieux. Il fait rire, provoque, fait réagir. D'aucuns pensent qu'il fait exprès de choquer au début pour décourager ceux qui n'attendent que ça. A vrai dire sait-on vraiment quand on est dans la provocation ou non ? Enfin "il est intéressant qu'il y ait quelqu'un comme lui dans son époque", qui décrit de façon incisive et pertinente les évolutions de la société, qui fait mouche dans ce qu'il pointe, qui pose sur le monde un regard d'une cruelle lucidité. Un monde où le lien est fragile, peuplé d'individus perdus dans leur détresse. Il est rappelé que Houellebecq a remis le monde du travail dans la littérature, et qu'on peut de ce fait le considérer comme un pivot entre deux moments de la littérature. On note cependant que Sérotonine est moins mordant que les précédents romans, plus sentimental, et on peut s'étonner du regard tendre et respectueux posé sur les parents du narrateur ainsi que de sa foi en l'amour.
Il y a aussi des lecteurs moins enthousiastes : "J'ai aimé le livre mais je ne l'offrirai pas. – Ce n'est pas le meilleur." Ils ont lu le roman sans déplaisir mais l'ont refermé avec un sentiment de fadeur, d'insignifiance, se retrouvant dans les critiques faites au livre quant à l'énonciation de platitudes sociales. Et peut-on faire abstraction de ce qu'il dit sur les femmes, qui est parfois un peu limite ? D'aucuns ont cherché à comprendre les raisons d'un tel succès. Michel Houellebecq ferait-il partie de ces artistes du "réalisme globaliste" dénoncé par Annie Le Brun dans "Ce qui n'a pas de prix" ?
Enfin on peut aussi être totalement réfractaire : Ce n'est pas l'histoire qui m'a gêné, c'est le style, et je me suis arrêté au bout de quelques pages". Ou encore : "Michel Houellebecq prend ce qu'il y a dans l'air du temps et y rajoute du sexe, c'est inutile, cela n'apporte rien." EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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