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Ouvrage 

Titre:
Personne ne sort les fusils
Auteur:
Lucbert (Sandra)
Edition:
Points
Réunion du:
23.11.2021

Commentaire

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Sandra Lucbert est une écrivaine française née en 1981. Elle a écrit "Personne ne sort les fusils" après avoir assisté au procès de France Telecom sur le harcèlement institutionnel. Elle y attaque notamment ce qu'elle appelle la LCN, langue du capitalisme néolibéral. Dans "Le ministère des contes publics", elle dénonce les assertions formulées et répétées comme des évidences, en particulier l'expression LaDettePubliqueC'estMal.

 

Personne ne sort les fusils

Si le fond ne fait pas débat, la forme, les arguments et les références littéraires ne font pas du tout l'unanimité. Pour commencer la comparaison avec Nuremberg a été jugée par certains comme déplacée, injustifiée, utilisée à seule fin d'attiser la curiosité du lecteur. "C'est le summum de la mauvaise foi". La référence à "La colonie pénitentiaire" est faite de façon erronée : dans le texte de Kafka, l'officier se met lui-même dans la machine, et celle-ci finit par s'autodétruire. Le ton sans concession a pu faire reculer : "La rage me donne envie de fuir" – "Je ne peux pas m'attacher à tous ces excès outranciers". Des lecteurs ont regretté également le peu de place faite aux victimes. Enfin il leur a manqué une analyse plus dépassionnée : "Pourquoi cette forme d'autisme chez les cadres d'Orange ? La déshumanisation n'est pas qu'une affaire de langue. Ces managers sont bien formés quelque part ? – "Pour s'attaquer à la langue l'auteure n'aurait-elle pas pu utiliser une autre démarche, analyser les discours ? Avec "LTI, la langue du III° Reich", Klemperer a écrit une analyse, pas un brûlot". – "Sans tous ces excès le texte aurait gagné en profondeur, sincérité et authenticité."
 
Pour toutes ces raisons, parfois aussi parce que la lecture n'est pas toujours aisée, certains n'ont pas dépassé quelques pages.
 
D'autres ont été convaincus par le propos : "La démonstration est quand même implacable. L'auteure n'a pas inventé la référence à Nuremberg, elle n'a fait qu'approfondir une thèse émise par d'autres, pour noter qu'ici le procès du capitalisme se fait de l'intérieur."– "Je ne pense pas que ce soit une comparaison exagérée". Ils adhèrent à ce texte qu'ils lisent comme un brûlot, un cri de révolte, une réaction à chaud au procès. Ils apprécient la façon dont Sandra Lucbert décrit une certaine morgue, cette morgue qui devient aujourd'hui l'invariant du capitalisme, et l'attitude de certains dirigeants qui ne parviennent pas à se sentir concernés par ce qui se passe. "Cela permet aux lecteurs de creuser la question". Et même si la référence à "La colonie pénitentiaire" est partielle, a-t-elle vraiment trahi Kafka ? Certes le texte n'est pas toujours facile à lire mais la recherche dans l'écriture est réussie. Par son écriture heurtée, âpre, elle veut attaquer la langue du capitalisme, en cassant la fluidité du langage servi comme un tissu d'évidences.
 
Enfin on a comme souvent des lectures plus nuancées : "J'ai trouvé le meilleur et le pire." – "J'étais a priori convaincu mais sa démonstration ne progresse pas, ça s'épuise un peu, c'est un peu répétitif et redondant, je suis plutôt déçu."
 
Le ministère des contes publics

Pour les uns ce texte est plus construit, plus fluide, mieux déroulé. "On entre très facilement, c'est parfois assez drôle, parfois brillant, les références littéraires sont intéressantes, même si l'observation est aussi démoralisante".
Pour les autres il n'est pas plus facile que le précédent.
 
Comme précédemment certains ont pu être rebutés par la virulence, les répétitions, les phrases coup de poing, voire la description physique des protagonistes. "Elle tombe dans le travers qu'elle dénonce".
La pertinence et la portée du message politique sont néanmoins reconnues.
 
Ce deuxième sujet est peut-être moins parlant que le procès France Telecom.



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Mise à jour le 12/04/2024