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CommentaireLes deux livres sont consacrés à l'affaire Dominici, un triple meurtre jamais élucidé survenu en 1952, qui a fait l'objet de quantité d'enquêtes, contre-enquêtes, commentaires et hypothèses. Le retentissement médiatique a été considérable. Jean Giono écrit ses notes, suivies d'un "essai sur le caractère des personnages", quasiment à chaud, alors que Jean Meckert rédige son livre deux ans plus tard.
Les deux auteurs pointent avec justesse les ratés de l'enquête, ainsi que le dialogue de sourds entre les deux parties. Le peu de vocabulaire de l'accusé (30 à 40 mots selon Giono) et sa pratique du patois plus que du français le mettent évidemment en difficulté par rapport à la langue maîtrisée des enquêteurs et des juges. Les deux livres donnent des nombreux exemples de cette incompréhension de base. Le fameux dialogue "- Etes-vous allé au pont ? – Allée ? Il n'y a pas d'allée. Je le sais, j'y suis été" est devenu emblématique de l'affaire.
Giono est assez généralement jugé un peu dur avec ses semblables, assez terrible dans ses descriptions des populations, voire péremptoire dans la façon dont il se prévaut de connaître les lieux et les personnages. La deuxième partie de son livre, où il décrit les deux Provences et le cheminement de Dominici, est par contre jugée remarquable, et dans l'ensemble davantage appréciée que les notes sur le procès, dont "il a raté les moments les plus forts et les plus importants". "Il y est meilleur que comme critique judiciaire." Pour qui a vécu dans le sud, Giono est pourtant bien dans l'esprit de ce qui se pensait et se disait dans la population provençale à ce moment-là (on sait que l'affaire a connu un regain d'intérêt lorsque Dominici a été libéré). Racisme envers des personnes d'origine italienne, mépris de classes sociales, l'époque était rude dans ses jugements. "Il y a des choses qu'on n'oserait plus faire aujourd'hui."
Meckert est dans l'ensemble jugé plus intéressant, plus clair, plus en distance avec les faits qu'il relate, tout en faisant preuve d'empathie. Il ne juge pas, il essaie de comprendre. D'une façon générale il met davantage l'accent sur les médias, sur la pression exercée par la population et par la presse. Plus subtil, il s'interroge sur sa propre position : "Entre le souci d'être complet et celui d'être clair, j'ai dû à chaque instant faire un choix. Je pense avoir fait ce choix avec objectivité. Mais qu'est-ce que l'objectivité ?".
Roland Barthes a consacré une de ses "Mythologies" à l'affaire Dominici, il y dénonce le mythe de la transparence et de l'universalité du langage. Les deux livres sont consacrés à l'affaire Dominici, un triple meurtre jamais élucidé survenu en 1952, qui a fait l'objet de quantité d'enquêtes, contre-enquêtes, commentaires et hypothèses. Le retentissement médiatique a été considérable. Jean Giono écrit ses notes, suivies d'un "essai sur le caractère des personnages", quasiment à chaud, alors que Jean Meckert rédige son livre deux ans plus tard.
Les deux auteurs pointent avec justesse les ratés de l'enquête, ainsi que le dialogue de sourds entre les deux parties. Le peu de vocabulaire de l'accusé (30 à 40 mots selon Giono) et sa pratique du patois plus que du français le mettent évidemment en difficulté par rapport à la langue maîtrisée des enquêteurs et des juges. Les deux livres donnent des nombreux exemples de cette incompréhension de base. Le fameux dialogue "- Etes-vous allé au pont ? – Allée ? Il n'y a pas d'allée. Je le sais, j'y suis été" est devenu emblématique de l'affaire.
Giono est assez généralement jugé un peu dur avec ses semblables, assez terrible dans ses descriptions des populations, voire péremptoire dans la façon dont il se prévaut de connaître les lieux et les personnages. La deuxième partie de son livre, où il décrit les deux Provences et le cheminement de Dominici, est par contre jugée remarquable, et dans l'ensemble davantage appréciée que les notes sur le procès, dont "il a raté les moments les plus forts et les plus importants". "Il y est meilleur que comme critique judiciaire." Pour qui a vécu dans le sud, Giono est pourtant bien dans l'esprit de ce qui se pensait et se disait dans la population provençale à ce moment-là (on sait que l'affaire a connu un regain d'intérêt lorsque Dominici a été libéré). Racisme envers des personnes d'origine italienne, mépris de classes sociales, l'époque était rude dans ses jugements. "Il y a des choses qu'on n'oserait plus faire aujourd'hui."
Meckert est dans l'ensemble jugé plus intéressant, plus clair, plus en distance avec les faits qu'il relate, tout en faisant preuve d'empathie. Il ne juge pas, il essaie de comprendre. D'une façon générale il met davantage l'accent sur les médias, sur la pression exercée par la population et par la presse. Plus subtil, il s'interroge sur sa propre position : "Entre le souci d'être complet et celui d'être clair, j'ai dû à chaque instant faire un choix. Je pense avoir fait ce choix avec objectivité. Mais qu'est-ce que l'objectivité ?".
Roland Barthes a consacré une de ses "Mythologies" à l'affaire Dominici, il y dénonce le mythe de la transparence et de l'universalité du langage. EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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