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CommentaireLe pingouin n'est pas ici le personnage principal mais le compagnon fidèle de Victor, son alter ego, le pilier qui fait repère. Par chance, il n'est pas humanisé, il ne parle pas et reste un animal. Lui non plus ne choisit pas son destin et manifeste sa dépression à travers son regard. Il est le miroir triste de la société dans laquelle se déroule le roman.
Dès les premières pages on peut penser au "Procès" de Franz Kafka, c'est effrayant et tout aussi labyrinthique mais peut-être plus léger. On est en effet dans l'absurdité d'une société post-soviétique en décomposition, une société très bureaucratique dont les codes ne sont pas connus, mue par des structures maffieuses. Les meurtres commandités sont parfaitement crédibles. Victor est confronté à un engrenage de petits événements qui font basculer peu à peu sa vie. Beaucoup de choses lui échappent dans les conséquences de ses choix, à la fois le travail qui lui est proposé, la nécrologie, l'accueil de Sonia et la participation de Micha le pingouin aux enterrements. Est-il passif devant les événements, avant le retournement final, ou est-il acteur de ce qui lui arrive ? Les avis divergent à ce sujet. D'aucuns le voient dans une forme de résignation, à survivre sans se poser de questions, d'autres quand même dans le choix, dans l'acceptation. L'histoire pose en tout cas la question de la marge de manœuvre de l'être humain au regard des circonstances.
Le style épuré rend bien l'absurdité de toutes les situations et l'ambiance délétère qui les enveloppe. On est dans une déglingue douce, une catastrophe douce-amère, il n'y a pas d'issue et pourtant, dans cet enfermement, on trouve quelques moments de répit, avec la petite fille, ou dans les pique-niques.
Sans le qualifier de grand roman, les lecteurs ont dans l'ensemble eu du plaisir à lire le livre. Les réserves portent sur le dénouement, diversement apprécié mais en général jugé en retrait par rapport au reste du livre ; également sur le personnage de Victor, un peu superficiel ; ou encore sur des amorces de relations qui tournent court comme celle avec le spécialiste des pingouins.
"Le Pingouin" est le premier livre de Kurkov traduit en français, les derniers seraient mieux traduits et plus denses. Outre "Le Procès" de Franz Kafka, le livre a appelé d'autres références : "Cœur de chien" de Mikhaïl Boulgakov, et "Le Manteau" de Nicolas Gogol, estimé plus touchant dans la perte de repères. EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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