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Ouvrage 

Titre:
A la ligne
Auteur:
Ponthus (Joseph)
Edition:
Gallimard
Réunion du:
27.06.2023

Commentaire

a-la-ligne

"À la ligne" est le premier roman de Joseph Ponthus. C'est l'histoire d'un ouvrier intérimaire qui travaille dans des conserveries de poissons et des abattoirs bretons. Le narrateur a suivi sa femme en Bretagne où il ne trouve pas de travail en conformité avec ses compétences. Il s'inscrit alors dans une agence d'intérim qui lui propose des postes successifs comme ouvrier : ligne de poissons frais, ligne de poissons panés, égouttage de tofus, cuisson des bulots, …

Le livre a conquis une large majorité de lecteurs.

-       "Ce livre est déconcertant mais très attachant. Déconcertant par sa présentation en vers libres qui rend très bien le rythme du travail à la chaîne, les changements fréquents de missions de l’intérimaire, la pression de la production, le travail épuisant de nuit et de jour. Le style est aussi addictif et permet une empathie avec l’ouvrier. Le texte permet de découvrir la colère, l'humour, la solidarité, grâce à l’expression d’une culture générale, d’une réflexion exprimée en permanence. J’ai beaucoup aimé ce livre même si l’auteur n’a pu échapper à des répétitions – mais cela fait partie aussi de l’épuisement."

-       "J'ai beaucoup aimé ce livre. Le texte est puissant dans l'évocation de ce que vit l'auteur à l'usine, sans ponctuation, c'est un poème qui se déroule avec une musique répétitive. Chaque poste qu'occupe le narrateur est décrit de manière ciselée avec une évolution lente jusqu'à ce qu'il s'en approprie tous les rouages, parcouru par la souffrance du corps et la satisfaction d'être allé jusqu'au bout de son travail. Les mots choisis sont justes et au plus près de ce qu'il vit et son humour est implacable, par exemple, la première lettre qu'il rédige à sa mère où il évoque son travail. Il y a la grâce de son texte et son corps qui dit l'insupportable. C'est une pépite, une superbe découverte."

-       "J'ai en particulier bien aimé le sujet, l'usine, le rythme, la régularité bête, harassante, neutralisante. J'aime bien à priori les livres sur le monde de l'entreprise. Le titre en clin d'œil."

-       "C'est un livre très fort sur les conditions de travail dans des usines et abattoirs. La description est saisissante, sans concession. C'est important comme témoignage de ce qui se passe dans certains milieux de travail, et sur ce que ces conditions font aux gens, physiquement et psychiquement. Mais ce n'est pas seulement cela : c'est aussi la description des capacités de résistance, des ruses pour tenir et de la solidarité. Enfin il y a l'intérêt du texte lui-même et de son style, à la fois poétique et lancinant, obsessionnel comme le travail devient obsessionnel. C'est l'expérience et la culture de l'auteur, et sa capacité à écrire, qui l'aident à tenir."

-       "J'ai beaucoup beaucoup aimé ce livre et me suis même demandée pourquoi j'aime autant le style. C'est surtout cela qui m'a plu, c'est rare que ça m'accroche comme ça. C'est à la fois fluide et fort."

-       "J'ai beaucoup aimé ce livre. C'est fluide et saccadé en même temps, le rythme est très ramassé. Je suis d'accord avec ce qui a déjà été dit, je rajouterais la description très juste de la solidarité, y compris dans le sens négatif : le narrateur n'apprécie pas la désinvolture de l'un des ouvriers car ce qui n'est pas fait retombe sur les autres. Est très bien rendu aussi un thème classique de la littérature prolétarienne, celui de l'opposition avec les cadres, les "casques rouges". C'est très bien fait, les situations sont très précises, très concrètes, pas théoriques."

-       "J'ai beaucoup aimé, j'ai été très frappée par les relations entre les corps des bêtes et des humains, par l'incidence sur les corps du travail effectué, par les détails sur la façon dont on travaille les poissons, les crevettes, … Il y a à la fois de la rudesse et de la tendresse. Le regard de l'auteur donne une grande réalité aux conditions terribles de traitement des animaux, à la présence de la viande, à l'odeur du sang. C'est un livre formidable qui a beaucoup de facettes. J'ai lu aussi "Le journal d'un manœuvre" de Thierry Metz, mais il est moins prégnant de par l'objet du travail – le plâtre. C'est une très belle lecture."

-       "Ponthus réactive la littérature prolétarienne, il présente d'autres facettes que l'aliénation du travail. Se servant de son bagage culturel, il écrit avec sensibilité depuis une position intellectuelle."

-       "J'ai été très sensible à l'aspect sociologique du récit. C'est sa culture qui permet au narrateur de tenir. Le combat contre un capitalisme forcené et meurtrier passe par la culture. Il dresse un parallèle entre ce qu'il vit et ce que ça évoque pour lui."

-       "C'est intéressant et touchant. Le narrateur sait que sa situation est provisoire, mais arrive tout de même à montrer comment le travail agit sur lui. Quand il le vit il renonce à l'analyse. J'y ai découvert des mots dans une acception qui m'est inhabituelle : les missions (le travail des intérimaires), acharné (employé dans "des choses qui m'acharnent"), embaucher, …"

Certains relèvent que l'auteur savait tout de même qu'il allait en sortir – même si cela a duré plusieurs années – et ont été dérangés par le fait qu'il pêchait dans ses références culturelles pour parler de ce travail. Est cité "Jusqu'à la bête" de Timothée Demeillers, qui relate une expérience plus brutale, plus directe. La comparaison peut faire paraître Ponthus plus poseur, mais son livre est littérairement de meilleure qualité.

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Mise à jour le 06/12/2024