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Commentaire
Ananda Devi est une femme de lettres mauricienne, née en 1957 de parents d'origine indienne. Ses écrits ont été reconnus par de nombreux prix. Pour la collection "Ma nuit au musée", elle a accepté de passer une nuit à la prison Montluc à Lyon. Au départ prison militaire en 1921, ce lieu de détention est particulièrement célèbre pour son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale (géré un moment par Klaus Barbie, y passeront nombre de résistants dont Jean Moulin et Marc Bloch), puis au moment de la guerre d'Algérie. A la fin il deviendra une prison civile, pour n'abriter plus que des femmes à sa fermeture en 2009. - "Ce n'est ni un roman ni un essai, mais un texte d'une grande sensibilité par rapport à l'Histoire. J'aime beaucoup cette autrice, elle a une plume qui m'emporte. Dans ce livre j'ai beaucoup aimé son humilité, son questionnement lorsque, au cours de sa nuit dans ce mémorial, elle va de cellule en cellule, en écrivant. J'apprécie également la collection "Ma nuit au musée" qui nous donne le prisme d'un écrivain sur un lieu culturel ou mémoriel. Ici c'est particulièrement touchant car Montluc a vu passer des résistants, des juifs, des opposants lors de la guerre d'Algérie, des objecteurs, Klaus Barbie." - "Merci d'avoir proposé ce livre qui m'a vraiment intéressée. J'ai été emportée par ce texte très riche, on apprend beaucoup de choses. Ça donne envie de lire davantage sur le sujet, et de voir le film de Robert Bresson. ("Un condamné à mort s'est échappé", adaptation du récit autobiographique d'André Devigny)." - "Chaque cellule est dédiée à une présence, à une figure. J'ai beaucoup aimé, notamment le passage sur les enfants d'Izieu. C'est magnifique. "Ma nuit au musée" est d'ailleurs une excellente collection." - "J'ai découvert une autrice par ce livre. Elle fait des incursions de sa vie dans le texte mais c'est très très fin. J'ai appris des choses, elle a une manière de mettre en valeur des choses qu'on ne connaît pas, c'est très poétique. Dans chaque cellule il y a une notice, elle dit toujours que c'est très froid, et veut y mettre de l'humanité."
. Puis le temps passe et son texte prend de la consistance au fur et à mesure où les heures défilent et où elle déambule dans la prison. A la fois, elle raconte ce qu'elle voit, ce qu'elle lit et ce que cela évoque de son histoire et de son parcours d'écrivaine, jusqu'où peut-on écrire l'horreur ? En même temps, elle voit cette écriture comme un exercice vers lequel elle tend pour en rédiger un texte ensuite, elle n'a pas de doute sur ce qu'elle va faire de cette expérience, un aspect pragmatique de cette expérience qui l'empêche d'être débordée ? Elle n'évoque jamais la notion de barbarie pour Klaus Barbie, juste une froideur faite de certitudes. Pour moi c'est à partir de 6 h que son texte devient plus dense, quand elle parle des femmes, celles enfermées là en tant que résistantes et celles qui sont tondues. Elle va à l'essentiel de ce que cela produit sur elle et de ce qu'elle va en faire. En écrivant lutter contre l'oubli."
- "Je n'ai lu que jusqu'à la page 70. J'ai eu du mal avec le début, avec le renvoi vers l'esclavage sur l'île Maurice, comme si sa propre histoire permettait une autre sensibilisation, comme s'il y avait un parallèle entre l'esclavage et les histoires de Montluc. Les deux événements se trouvent relativisés dans leur importance." - "Je ne suis pas d'accord, elle ne relativise rien. Moi au contraire cela m'a bien plu, qu'elle réussisse à mettre avec son regard une structure humaine commune à toutes les violences et barbaries. Qui apportent toutes domination, humiliation, peur, enfermement, … C'est intéressant aussi que l'inconscient d'un auteur rencontre l'inconscient d'un lieu."
- "Elle met en question sa légitimité à écrire sur ce lieu, c'est justement son passé qui lui donne cette légitimité. Il est intéressant que ce soit une mauricienne qui soit face à l'universalité de l'horreur, même sans être concernée historiquement." - "Elle est très humble, lorsqu'elle dit que ses ancêtres n'ont pas connu l'esclavage mais ils ont connu une autre forme d'enfermement (ses ancêtres n'ont pas connu l'esclavage au sens strict, mais ont fini par être traités pire que des esclaves)." - "On a déjà lu un livre de Nathacha Appanah sur les engagés indiens de l'île Maurice. J'ai eu du mal au début avec ce rapprochement avec l'esclavage mais après c'est passé." - "L'esclavage c'est exploiter de la main d'œuvre, Montluc c'est faire disparaître des gens. L'autrice semble dire que d'avoir connu l'esclavage dans sa famille donnait une clef particulière pour ouvrir d'autres formes de barbarie." - "Ce n'est pas juste d'accuser Ananda Devi de ça." - "L'autrice se confronte à l'enfermement d'une nuit avec ses origines, sa vie, la mémoire historique des lieux. C'est un exercice d'introspection qui vaut plus par ses commentaires personnels, son ressenti, que l'histoire lui renvoie. La période à partir de 6h30 est particulièrement humaniste, poétique, aidée de Aimé Césaire." - "C'est plutôt intéressant dans l'ensemble, mais j'ai dû me forcer car j'ai été dérangée par plusieurs choses : l'autrice parle quand même beaucoup d’elle-même, et elle se met dans une posture morale ("je me dois de le faire – je leur dois de le faire"), ce que je n'apprécie guère. Enfin le style ne me plaît pas. "Saisir au vol une parcelle de l'insaisissable, la passer par l'alambic de l'imagination, en extraire une plante vénéneuse qui me brisera le cœur" (page 72), cette façon d'écrire c'est pour moi des formules toutes faites, c'est "faire des phrases", c'est artificiel, inutilement alambiqué." - "On sent qu'elle se bat, qu'elle se met la pression. Comme si elle se disait : c'est trop grand pour moi, je me dois pourtant d'en faire quelque chose." EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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