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Commentaire
A travers la vie d'une famille dans la Dombes pendant la guerre de 14-18, La Terre et la Guerre décrit la fin d'une société, d'un monde et la naissance douloureuse, incertaine d'autre chose. Le livre est construit sur les ruptures de l'époque dans tous les domaines, économie, art, amour, religion, place des femmes. C'est l'archétype d'un monde qui bouge, qui s'écroule, et de l'incertitude de ce qui va advenir. La guerre est omniprésente, mais en arrière plan, ce n'est pas la guerre des combattants et des soldats, c'est celle des familles et au final de la société tout entière. Celle qui bouleversera l'économie, celle qui recomposera les rapports sociaux entre maîtres et paysans, celle qui donnera aux femmes une nouvelle place en les mettant dans la nécessité d'assurer seules de nouvelles responsabilités. Le contexte historique et ses codes en pleine mutation – sociaux, familiaux, religieux – sont dépeints avec une extrême justesse. Le style est riche et dense, à la fois classique et poétique. Les phrases sont très travaillées, un peu trop au goût de certains lecteurs. D'autres livres de Jacques Chauviré, au style moins travaillé, sont d'un accès plus facile. Il est difficile de restituer la richesse du propos et le foisonnement des thèmes traités dans le livre. Les lecteurs ont noté entre autres la palette des réactions face au bouleversement des temps : résignation, impuissance ou au contraire incitation à aller de l'avant comme le fait le docteur Kiwiakoski, refuge dans la maladie pour Lucie Calvière, sortie de l'histoire de Jérôme Calvière par un retour à l'enfance. Le thème de la terre est également omniprésent, la terre nourricière et prédatrice, la terre des moissons et la terre des tranchées qui engloutit les hommes. Les événements sont restitués avec beaucoup de sensibilité et donnent forme à de très belles scènes, comme celle où Jérôme Calvière, à l'approche de la mort de sa femme, se couche à côté d'elle, ce qui n'était sûrement plus arrivé depuis longtemps. Est aussi très touchante la façon dont la Bervillière, cette grande maison autrefois si animée, se réduit peu à peu à la cuisine où se retrouvent ses derniers occupants, maîtres et serviteurs ensemble. La fin voit le rapprochement des deux frères Calvière dans la maison où ils sont nés et où ils retrouvent la place qu'avaient les objets autrefois. Enfin le sort d'Amélie, d'une infinie tristesse, est scellé dans la dernière phrase : "Elle vint habiter seule la maison de la place". Le format, le papier, l'illustration de la couverture – c'est ainsi qu'on imagine le tableau d'Amélie – font aussi du livre un bel objet. Malgré l'une ou l'autre réticence surtout au début de la lecture – épaisseur du livre, nombre de personnages – les lecteurs ont été pris par le roman jusqu'à la dernière page. C'est un livre lent, il faut prendre son temps mais de façon continue. La lecture terminée, on attend quelques jours avant de prendre un autre livre : que lire après ça ? Il est rappelé que ce livre assez exceptionnel a obtenu le premier Prix Mémorable des libraires Initiales.
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