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CommentaireLe roman a fait scandale à sa parution en 1899. Femme d'Alfred Vallette, le directeur de la revue symboliste du Mercure de France, Rachilde fréquentait les cercles littéraires de la "décadence" – Joris-Karl Huysmans, Jean Lorrain – et a abordé dans son œuvre des sujets sulfureux. Respectant la recommandation de ne lire la préface qu'après le roman, des lecteurs ont été surpris que ce roman ait pu être écrit par une femme. Le phare d'Armen doit avoir un deuxième gardien, le vieux Barnabas est seul et il faut penser à son remplacement. Le jeune Jean Maleux, retenu pour cette mission, est emmené au phare où il trouve Barnabas presque à l'état de bête, parlant à peine et ne sachant plus lire. Il sera progressivement contaminé par l'attitude de son compagnon. Le phare s'éteint parfois, on ne sait pas si c'est volontaire ou non, mais les naufrages amènent jusqu'au phare des cadavres de jeunes femmes … Malgré sa noirceur, le roman a séduit les lecteurs d'abord par son écriture. Qu'elle soit jugée vieillie ou très actuelle, qu'on y trouve ou non des tournures gothiques, c'est une écriture splendide qui traverse bien le temps. Elle traite un sujet particulièrement scabreux avec force et maîtrise. Elle rend bien l'atmosphère mystérieuse du phare et l'attitude étrange du vieux qui se coiffe d'on ne sait quels cheveux et qui chante d'une voix de femme. Pour certains c'est presque un polar. Qu'y a-t-il derrière cette porte ? Qu'est-ce que ce bocal à la fenêtre, entr'aperçu de l'extérieur du phare ? Le roman dépeint aussi la force des éléments, l'extrême violence de la mer aux abords de ce phare d'Armen mythique qui s'est construit dans des conditions atroces. La mer est décrite comme une femme, qu'on interpelle pour sa séduction et pour son hostilité. "Tout tourne autour de ce phare phallique" au milieu du vacarme de la mer. Pour le jeune homme c'était au départ un privilège d'aller sur ce phare, mais il va déraper lui aussi, il est happé, vampirisé, séduit à la fois par l'endroit et par les pratiques du vieux gardien. Au début il fait encore quelques allers retours à terre, puis il abandonne et ne demande plus les relèves. L'osmose se fait peu à peu entre les deux hommes. La déshumanisation gagne, à force de solitude, d'isolement, de clôture (à l'époque il n'y a pas de liaison avec la terre autre que les approvisionnements), dans cette relation où se transmet un secret trop lourd à porter, dans la contagion d'une folie qui envahit tout. La tour d'amour a été mis en scène il y a une quinzaine d'années, avec Jacques Gamblin dans le rôle de Jean Maleux, d'autres projets de théâtre seraient en préparation.
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