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CommentaireUn agriculteur célibataire passe une annonce pour trouver une compagne. Annette veut quitter une situation difficile dans le Nord, elle répond, rencontre Paul à mi-chemin en gare de Nevers, ils conviennent qu'elle viendra avec son fils, elle vient, s'installe et fait là sa place et sa vie contre toute attente. Cette histoire simple est contée avec une infinie délicatesse et beaucoup de pudeur. Cette histoire, mais aussi la vie d'une campagne en profonde mutation, avec sa population en voie de disparition. Ce ne sont pas de grandes descriptions, tout est dans Annette se glisse dans le moule sans perdre sa personnalité. Elle doit affronter les deux vieux oncles et l'insupportable Nicole, sœur de Paul, plus ou moins rétifs à l'arrivée de cette inconnue. C'est l'entente immédiate entre son fils et le chien de la ferme, et plus généralement son rapport aux bêtes, qui ouvre la possibilité d'être acceptés. Car on est à la campagne, les animaux ce sont "les bêtes", et l'on s'inquiète, il ne faudrait pas que l'enfant gâte trop le chien. Même quand la situation s'améliorera, les oncles n'iront pas jusqu'à indiquer les lieux où trouver des champignons … Toutes les notations sur la campagne sont d'une grande justesse, plusieurs lecteurs peuvent en témoigner : le café dans les verres, les mots croisés, la grange transformée en appartement, la voiture qu'on sort le dimanche, … L'art de restituer le monde rural était déjà présent dans Les derniers indiens. Le récit est servi par une très belle langue, des phrases et des mots choisis (un peu trop d'adjectifs ?), "des phrases longues où on respire". La montée de la nuit, les odeurs, la manière de croquer personnages – notamment les deux vieux oncles et la sœur – et situations – en cinq lignes on a tout sur la mort du fils du voisin – tout est dépeint avec justesse et pudeur. Le texte ne contient pas de dialogues et cela ne pèse en rien. Tout est retenu, beaucoup de choses ne sont pas dites, la langue en est d'autant plus dense. A une exception près – une préférence pour les films de Raymond Depardon – les lecteurs ont grandement apprécié ce roman. Lors de sa venue au Quai des Brumes, Marie-Hélène Lafon a très bien parlé de son travail sur la langue : "je ne sais pas encore écrire la ville, rendre le claquement des talons sur le bitume". Elle reconnaît avoir envers son milieu la dette des filles qui partent et s'inspirer largement de ses origines. Elle a écrit L'annonce à partir d'une scène d'un film de Raymond Depardon sur le monde paysan.
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