Après être revenus ensemble sur les livres au programme du 17 mars et élu le livre de l'année (vous retrouverez tout cela dans le précédent compte rendu virtuel http://120grandrue.org/les-reunions-du-club/182--compte-rendu-du-club-de-lecture-du-17-mars-2020), voici le temps de choisir nos lectures d'été. Merci à tous ceux qui ont contribué à dresser une liste de propositions riche et éclectique ! Rappel : nous vous proposons de choisir dans cette liste les trois livres que vous voudriez voir retenus. Les trois titres recueillant le plus de suffrages constitueront notre sélection du club de lecture pour l'été.
Propositions de lectures pour l'été 2020
>>> Propositions de la librairie Quai des Brumes
Avant que j'oublie – Anne Pauly – Verdier De l'humour pour raconter la perte du père et le chemin inouï du deuil (Prix France Inter). La mer c'est rien du tout – Joël Baqué – POL Des souvenirs poétiques du bord de mer... Le chien noir – Lucie Baratte – Du Typhon Un conte gothique, une réécriture de Barbe-bleue...des mystères lugubres à foison... Et frappe le père à mort – John Wain – Du Typhon De la confrontation entre génération sur fonds de jazz et de bars enfumés... Les services compétents – Iegor Gran – Pol Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents dissidents. Une plongée intimiste dans l'histoire...
>>> Propositions de Sylvie B Ténèbre – Paul Kawczak – La Peuplade Superbe roman d'aventures et bien plus encore...
Carnet d'adresses de quelques personnages fictifs de la littérature – Didier Blonde – Gallimard – Coll. L'Arbalète Je colle la quatrième de couverture ci-dessous, parce qu'elle est bien faite :-) : Depuis toujours, Didier Blonde collectionne dans un carnet les adresses et numéros de téléphone des personnages de romans qu'il croise au fil de ses lectures. Le présent livre les rassemble par ordre alphabétique (Mme Arnoux, la Dame aux camélias, Arsène Lupin, le commissaire Maigret, Benjamin Malaussène, Nana, Swann...), avec les adresses où ils résident, transitent, se cachent, ou finissent tranquillement leurs jours. Didier Blonde a mené à chaque fois une enquête de terrain et dans les archives, qui permet d'interroger la part de fiction que revêtent ces lieux : numéros inexistants, immeubles détruits, rues fictives ou disparues, autant de passages dérobés... D'autres histoires se dissimulent parfois à des numéros cryptés. Sous la forme d'une promenade dans Paris, Didier Blonde déploie, en préambule de son répertoire, une réflexion sur les adresses en littérature et la rêverie qu'elles suscitent immanquablement. Des index par arrondissements et par rues cartographient ce Paris romanesque.
Feu l'indien de madame – Léonard Wibberle – Héros-Limite Un hilarant roman anglais paru dans les années cinquante, mettant en scène une délicieuse veuve en verve et un indien fantôme. C'est tonique, plein d'humour non-sense on ne peut plus british, rocambolesque, invraisemblable et vraiment drôle. Bref, ça fait du bien !
November road – Lou Berney – Harper et Collins Un roman noir très enlevé qui reprend tous les codes de ce genre romanesque pour mieux les tordre et surprendre le lecteur. Palpitant et plus retors qu'on ne le croirait en début de lecture. Une vraie réussite !!
>>> Propositions de Sylvie S
Les patients du docteur Garcia – Almudena Grandes – J.C. Lattès Remarquable roman sur fond d'exfiltration des nazis par l'Espagne
Sodoma – Frédéric Martel – Pocket Enquête sur l'homosexualité au Vatican, intéressant et sidérant à la fois.
>>> Propositions de Sonia G Incident au fond de la galaxie – Etgar Keret – L'Olivier Il s'agit de nouvelles parues très récemment, style habituel de cet auteur israélien, à la fois fantaisiste et profond (ai lu au moins 5 recueils de ses autres nouvelles), c'est également un cinéaste et un auteur de bande dessinée, il offre un souffle plus libéral, plus contestataire sur son pays. L’étrangleur de Pirita – Indrek Hargla – Gaia – polar Il s'agit d'un roman policier écrit par le meilleur auteur de ce genre en Estonie. L'action se passe au 15ème siècle, et tant du point de vue historique que religieux dans un contexte peu connu des français : je trouve que c'est très intéressant (du coup j'en ai lu deux autres, l'énigme de saint Olav et la chronique de Tallin ; on retrouve des personnages et le même "détective" qui est un apothicaire.) La Rabouilleuse – Honoré de Balzac – Gallimard Un livre, des scènes de la vie de province, que je n'avais pas lu de ma vie, et le confinement incitait à la lecture des classiques, très faciles à trouver sur Internet, se chargeant gratuitement sur une tablette... Donc je me suis replongée dans un autre univers et cela m'a incitée aussi à lire la biographie de Balzac : Balzac, le roman de sa vie – Stefan Zweig – Lgf Je la propose aussi car impressionnante. >>> Propositions de Catherine B Ténèbre – Paul Kawczak – La Peuplade – octobre 2019 – 320p. Premier roman d’un jeune écrivain natif de Besançon, devenu Québécois depuis 10 ans. Gourmande de trouvailles, je me réjouis de découvrir un propos certainement dérangeant, que la question coloniale traverse, sans doute de façon mordante ! « Si vous avez adoré le désespoir et l'ironie de films comme « La victoire en chantant » de Jean-Jacques Annaud ou « Coup de Torchon » de Bertrand Tavernier, alors ce livre est pour vous. Si vous ne vous êtes jamais remis de « Au cœur des ténèbres » (tiens, proximité des titres) de Joseph Conrad, alors ce livre est encore plus pour vous. » (critique sur Babelio) Le Chant du poulet sous vide – Lucie Rico – P.O.L. – mars 2020 – 270p. Le premier roman d’une jeune cinéaste née à Perpignan. Un sujet qui a retenu ma curiosité par son caractère inhabituel : s’intéresser de manière iconoclaste aux poulets élevés en batterie. L’article de « En attendant Nadeau » m’a décidée à l’acquérir. « J'ai commencé à écrire Le chant du poulet sous vide comme un conte, de la même manière que le marketing crée des contes, jusqu'à nous faire croire que les animaux que nous mangeons sont d'adorables bêtes, saines et dévouées, avec lesquelles nous avons une relation » Mort d’un voyageur – Didier Fassin – Seuil (La couleur des idées) – mars 2020 – 176p. (Avant-propos de la Maison d’Éditions) C’est une histoire simple. Un homme de trente-sept ans appartenant à la communauté du voyage est abattu dans la ferme familiale par des gendarmes du GIGN en 2017 alors qu’il n’a pas réintégré la prison après une permission de sortir. Deux versions des faits s’affrontent : celle des militaires, qui invoquent la légitime défense, et celle des parents présents sur les lieux, qui la contestent. Une information judiciaire est ouverte, qui se conclut par un non-lieu, confirmé en appel. La famille et ses soutiens continuent pourtant de se battre, réclamant justice et vérité. Réexaminant les pièces du dossier et interrogeant les protagonistes du drame, Didier Fassin présente ici une contre-enquête qui accorde le même crédit à tous les récits. Je propose de nous intéresser à cet ouvrage parce qu’il s’inscrit dans une histoire parallèle des sciences sociales, la seule qui sans doute importe vraiment, une histoire que beaucoup s’emploient, par une professionnalisation galopante, à faire disparaître, celle de l’intellectuel. Didier Fassin n’aborde pas la question du témoin de la violence policière, mais celle du récit : comment raconter ce qui s’est passé ? >>> Propositions de Myriam W Mon Histoire – Rosa Parks avec Jim Haskins – Libertalia – traduit de l’américain par Julien Bordier – 2018 Une vie de lutte contre la ségrégation raciale. « Je repensais à ces nuits d’angoisse pendant lesquelles mon grand-père veillait, le fusil à la main, redoutant le Klan. Les gens ont répété à l’envi que je n’ai pas cédé ma place ce jour-là parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas particulièrement fatiguée, pas plus qu’un autre jour, après une journée de travail. Je n’étais pas si vieille, bien qu’on m’imagine toujours comme une petite grand-mère. J’avais 42 ans. S’il y avait bien une chose qui me fatiguait, c’était de courber l’échine. » Rosa Parks (1913-2005) est une figure emblématique des luttes noires américaines. Cette autobiographie, inédite en français, met en lumière l’intensité de son engagement tout au long du XXe siècle. Ada ou la beauté des nombres – Catherine Dufour – Fayard Ada Lovelace, fille du poète Lord Byron, est une lady anglaise perdue dans les brumes du XIXe siècle. Nous voilà cent ans avant le premier ordinateur, et personne ne se doute que cette jeune femme maladive, emprisonnée dans un corset, étouffant entre un mari maltraitant et une mère abusive, s'apprête à écrire le premier programme informatique au monde. À 25 ans, déjà mère de trois enfants, Ada Lovelace se prend de passion pour les mathématiques. Elle rencontre Charles Babbage, qui vient de concevoir une machine à calculer révolutionnaire pour l'époque. C'est en la voyant qu'Ada a soudain l'intuition de ce qui deviendra l'informatique. Sans elle, pas d'Internet, pas de réseaux sociaux, pas de conquête de l'espace. Dans cette biographie truculente, la première consacrée à Ada Lovelace en français, Catherine Dufour met en lumière le destin méconnu d'une pionnière qui a marqué notre civilisation par son génie et son audace. Le livre de ma mère – Albert Cohen – Folio Peu de livres ont connu un succès aussi constant que Le livre de ma mère. Ce livre bouleversant est l'évocation d'une femme à la fois "quotidienne" et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils. Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour. >>> Propositions de Christiane S
Ténèbre – Paul Kawczak – La Peuplade – roman – 2020 – 304 p. Un matin de septembre 1890, un géomètre belge, mandaté par son Roi pour démanteler l'Afrique, quitte Léopoldville vers le nord. Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l'Europe nomme le progrès. Incroyable roman d'aventure, érotisme, désir-douleur, réalisme magique...
Temps noirs – Thomas MULLEN – Rivages noirs – roman (traduction) – 2017 – 460p. Atlanta 1950. Les "officiers nègres", Boggs et Smith ont du pain sur la planche dans une ville surpeuplée et en pleine mutation. Lorsque le Ku Klux Klan et un groupuscule nazi s'en mêlent, les conséquences deviennent vite incontrôlables.
Gentlemen – Klas ÖSTERGREN – Points – roman – 1980 – 2009 pour la traduction française – 630 p. Qui ne connaît les frères Morgan ? Boxeur et pianiste, Henry est un dandy lumineux, Leo, son cadet, un poète surdoué et alcoolique. De 1950 à 1970, les deux garçons sont les vedettes du tout-Stockholm. Alors qu'ils enquêtent sur les complicités industrielles de la Suède avec les nazis, ils disparaissent sans laisser de trace. Klas (l'auteur) écrivain et ami des 2 frères, décide de révéler la vérité. "Un livre culte" Le Nouvel Observateur.
>>> Propositions de Charlotte S
Borgo Vecchio – Giosué Calaciura – Noir sur Blanc – traduction Lise Chapuis Journaliste et écrivain, Giosué Calaciura écrit également pour le théâtre et la radio. Il a publié plusieurs romans remarqués, dont Borgo Vecchio qui a remporté le prix Paolo Volponi. Dans le Borgo Vecchio, quartier pauvre de Palerme, la misère s'accompagne de son lot de drames. Sous le regard plein d'humanité et de poésie de l'auteur, elle rencontre aussi ses moments de grâce. L'écriture de Calaciura fait de la vie de ses personnages – tous tellement attachants - une épopée tout à la fois tragique, baroque, grotesque, fantastique. Des pages inventives et superbes, sur l'odeur du pain, ou sur la balle qui cherche sa victime. Citons Jérôme Ferrari : "La langue de Giosuè Calaciura est unique, objectivement unique : c’est une langue très belle, dense, poétique, baroque, traversée de constantes inventions métaphoriques."
Le travail n'est pas une marchandise – Alain Supiot – Collège de France Alain Supiot est un juriste français spécialiste du droit du travail et de philosophie du droit. Ce petit livre, sous-titré "Contenu et sens du travail au XXIe siècle", est la leçon de clôture qu'il a prononcée le 22 mai 2019 au Collège de France. Il y fait l'analyse juridique des transformations du travail au XXIe siècle : révolution numérique, crise écologique, affaissement de l'ordre juridique, que font ces évolutions à notre représentation du travail et à sa réalité ? Alain Supiot dénonce sans détour l'éviction actuelle du sens et du contenu du travail. Un rappel bien utile et passionnant à lire. Les vidéos d'Alain Supiot sur le net sont toutes passionnantes.
>>> Propositions de Françoise W
Watership down – Richard Adams – en poche le 18/6 Classique de la littérature anglo-saxonne ; l’histoire d’une bande de lapins est en fait une métaphore de l’exode du peuple juif, celui de la Bible et des nombreuses embuches qu’il rencontre dans sa quête de la terre promise.
Yoga – Emmanuel CARRERE – POL 10 septembre (un peu tard ?) La vie d’E.C. depuis 5 ans une période marquée par le terrorisme, les migrants, la dépression, et le yoga.
Le pays des autres – Leïla SLIMANI – Gallimard Saga familiale, inspirée de l’histoire de la famille SLIMANI et de ce couple mixte formé par une Alsacienne et un Ma
Retour de service – John le Carré – Seuil Roman d’espionnage sur fond de Brexit sous influence russe, désinhibé, ironique et jubilatoire.
>>> Propositions de Anne-Marie FF
Le soleil sur ma tête – Geovani Martins – Gallimard, Du monde entier, 2019, 144 p., Traduit du portugais (Brésil) par Mathieu Dosse. 15 euros Le premier texte de Geovani Martins nous dépeint en 13 nouvelles un monde étranger et parfois étrange. Chaos, violence, pauvreté, résignation ou volonté de s’en sortir et dérision se mêlent avec subtilité et sensibilité. Mis à part la première des nouvelles la maîtrise du récit impressionne.
Croire aux fauves - Nastassja Martin – Gallimard, coll. verticales, 2019,152 p. 12.50 euros Le récit débute au Kamtchatka pays où le mode de vie des populations nous est peu familier mais qui est la raison d’être de la narratrice, anthropologue. Comme le dit la quatrième de couverture « un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent ». Intéressant.
>>> Propositions de Anne J Rangées par ordre alphabétique
Venise à double tour - Jean-Paul KAUFMANN - Équateurs littérature, 2019 - une enquête, presque un roman policier. - à Venise, de nombreuses églises sont fermées, mais conservent des trésors. Jean-Paul Kaufmann qui a le souvenir d’une vision cherche à retrouver un tableau vu à Venise dans sa jeunesse, dans une église, croit-il. À la fin d’un séjour de plusieurs mois, riche en découvertes, la solution de l’énigme … surprenante. J’avais remonté la Marne, découvert la Courlande, vu Eylau avec l’auteur. C’est toujours un plaisir de voyager avec lui.
Mon ancêtre Poisson – Christine MONTALBETTI – POL, 2019. - en rangeant des vieux journaux, une critique[1] m’a donné envie de lire le livre. Je le prêterai à mon frère qui m’a fait connaître L’oncle aquatique de Buzzati. Mais cette fois, point d’animal, Poisson est le nom d’un ancêtre de l’autrice et c’est un botaniste. Le lecteur s’intéresse à l’enquêtrice, à sa famille, se passionne pour l’ancêtre et les siens.
La chair, la mort et le diable dans la littérature du XIXe siècle, le romantisme noir – Mario PRAZ – Tel Gallimard 300, 1998 Le livre a d’abord paru chez Denoël en 1977 et la version originale en italien remonte à 1966. - Cette fois un livre que j’ai depuis près de vingt ans : une belle étude de littérature comparée écrite par un auteur en mesure de lire des ouvrages en plusieurs langues. Je dois dire que j’ai acheté le livre pour l’auteur, un personnage fascinant de la vie romaine du milieu du XXe siècle. Il était un jettatore, un homme dont on ne devait jamais prononcer le nom. J’ai connu un de ses « confrères », lui aussi professeur, mais d’archéologie grecque et c’est un peu à cause de lui que je me suis intéressée à Mario Praz. - C’est un livre sérieux, avec plein de notes à l’allemande.
[1] Les critiques peuvent aussi susciter des déceptions : une autre traitait d’un livre où une maison célèbre dans l’histoire de l’architecture jouait un rôle. L’auteur de la critique, au lieu de parler du livre, racontait bien la maison, ses créateurs et habitants. Bref j’achetais le livre, en même temps que celui que je recommande. Ce fut une grande déception. La personne à qui je voulais prêter le livre (avant de l’avoir lu) en avait commencé la lecture – un ami le lui avait prêté, il était enthousiaste – nous avons échangé sur notre déception.
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