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Sans verbe ...

Ecrire un texte sans verbe, avec comme référence la 4ème de couverture de "Je, d'un accident ou d'amour" de Loïc Demey : "Depuis, ma pensée se désordre. Mon langage se confusion. D’un commencement comme ça. Je voiture Adèle jusqu’à la gare de l’Est, elle se départ chez elle, distance d’ici. Bien trop lointain. Elle m’amour, je l’énormément, mais elle s’en retour. A trois centaines de kilomètres."

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Texte M.W.– 26/06/2019

Schoenbourg

Préparation d’enfer, organisation géniale, repérage du parcours. Dimanche entre amis, randonnée partagée. Accueil chaleureux dans maison de famille typique. Cadre idyllique, temps délicieux. Dans un jardin magnifique, autour de la table bien garnie, qui sa salade, qui son dessert, découvertes culinaires, échange de recettes. Le verre de l’amitié, le café. Un concert privé, belle voix, harpe, instants de pur bonheur. Puis les jeux, jeux de lettres, jeux de mots, révisions littéraires, cadavres exquis. Cueillette de roses, petite leçon de botanique. Vaisselle dans la joie et la bonne humeur malgré l’approche de la séparation, pas envie mais… chaque groupe dans une voiture, retour vers la grande ville et le bruit. Que de beaux souvenirs. Vivement l’année prochaine.


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Texte C.Si.– 23/06/2019

La tournée

D’abord un tour. L’air de rien. Avec l’idée déjà. Avec l’idée, mais pour tout à l’heure, après le tour, habituel, l’air de rien. D’abord à gauche les chocolats, avec gingembre, sans gluten, noir de chez noir. Un long instant, comme si, les tablettes dans la main, la main sur les étiquettes. Puis les céréales. Ah les céréales ! Boîtes, sachets, fermés, hermétiques, conserves, céréales pour le déjeuner, mélange spécial ligne, sveltesse et bonheur, vitamines pour le foie, la santé, l’humeur. Le tour. Derrière, les légumes, ça les légumes, bien ensachés, et même pesés à la demande, alors un tour, les oranges plus de saison, les papayes et les goyaves, dommage, trop de camion, trop d’avion, trop d’océan, mais les fraises, ok, d’à côté. Non, le tour. Encore, tranquille. L’air de rien. Toujours le regard sur les objets, les articles, les prix, les étiquettes. L’air de rien. Alors, allez, le coin du bricolage, pourquoi pas ? des ampoules led maintenant, que ça ! et puis la papeterie, petit coin, petite surface, petite attention. Sourire aux vendeuses, excuses aux clients parce que, rien, parce que seulement comme tout le monde. Encore un tour, un dernier, l’entrainement, et puis vers là-bas. Devant, vers les caisses. Le rayon essentiel. Le rayon suprême. Le rayon insensé. Le rayon souverain. Un chaudron de suggestions, une marmite de désirs. Là- bas. Gloss, transparents, nacrés, mats ou laqués. Quels frissons de plaisir. Le tube dans la main, tous les tubes, enfin beaucoup, glamour, brillant 07, grand rouge, l’absolu rouge, café bonheur, rouge fini, rouge drame, rouge in love. Lequel ? Lequel avec la tenue bleue nuit ? Lequel ? Dans les mains, trois rouges, un de trop, dommage, mais deux. Deux. Les mains devant la bouche, les tubes dans la manche de la doudoune. Fraîcheur et roulade contre l’avant-bras. Les bras pliés, poches cachées pour rouges à lèvres invisibles. Devant la caisse, sourire, remarque à la caissière pour sa frange coupée. Frisson devant la machine détectrice. L’air de rien, comme ça, par les portes, mine dégagée, sourire au vigile, petite conversation anodine. Puis départ. Départ, tranquille, sans hâte, les tubes froids glissant, les rouges déjà au poignet, les lèvres déjà voraces. Pour bientôt. Pour tout de suite devant le miroir. Loin. Enfin pas vraiment loin, tout près. Vite.  Mais attention. Lenteur calculée des gestes. Frisson. Dernier frisson.

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Texte C.B. – 30/04/2019

Déambulation

Rendez-vous pour une visite au Musée de la Monnaie avec l’artiste Subodh Gupta, ou plutôt avec ses œuvres rassemblées en une exposition exceptionnelle, première rétrospective en France.

Juste après l’entrée, un arbre de métal au milieu de la cour intérieure. Sur chacune de ses branches, des coupes, des tasses, des écuelles en inox. Taches d’ombre et de soleil sous ces étranges feuilles immobiles… Après un tour au ralenti des touristes autour de cet arbre d’accueil, déambulation dans l’ombre fraîche de la succession des salles. Surprise à chaque débouché sur les seuils : miroirs convexes et concaves, couleurs vives de sculptures étranges, torsions des formes, trous dans les murs, dégueulis de détritus, pièges pour les yeux captifs des profondeurs d’un projet hors du commun : une cuisine artistique pour la faim de tous les ventres de l’Inde ! Et voilà devant nous un crâne, incroyable en taille et volume et brillance, en plein au centre d’un vaste salon d’apparat, au sol en damier noir et blanc. Son titre ? « Very hungry God ». Incroyable amalgame d’ustensiles de toutes tailles, organisation subtile, en rangs guerriers, de tasses, coupes, gobelets en inox à la gloire du Dieu Faim, bourreau tyrannique des Hommes… Quel écho en hommage aux millions de pauvres dans le monde !

Et du métal encore ailleurs, partout, couleur de poussière, de soleil ou de sang, sur des vélos cabossés, des caddies pleins d’affaires de migrants, des objets en cascades immobiles derrière des fenêtres. Dans une des dernières salles, une immense barque de bois, debout presque jusqu’au plafond, d’un seul tronc d’arbre, et dedans une lourde grappe de récipients de grès bruns, comme des réserves d’eau, comme des grains de raisin, comme des naufragés en tas sur un canot de sauvetage au bord de l’abime, dans une houle sous l’orage…

A la sortie, dans une petite cour annexe, encore une dernière voiture-sculpture, vitres obscures de peinture-poussière, déchet de la consommation, comme un ready-made protestataire. Un regard d’adieu à l’arbre majestueux de l’accueil, attirance malicieuse des visiteurs. Dehors, retour à l’empire du soleil d’été. //

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Texte C.B. – 30/04/2019

L’amour parricide

Pour Grégoire aujourd’hui journée exceptionnelle, pierre blanche. Espoir joyeux de son cœur, saut hors du lit, un bond à la fenêtre. Attaque de la rumeur en pleine figure. Moteurs en colère dans un intense trafic le long du quai, montée des gaz jusque dans la chambre. Derrière lui, par terre, les habits de la veille en désordre, vers un sommeil sans rêve.

Un petit crachotement dans le coin cuisine, avertissement de la préparation du café noir. Ejection automatique de la capsule dans l’évier. Emotion de Grégoire au souvenir d’hier soir, lorsqu’il regard de Nathalie sur lui à la sortie des bureaux. Il enfin l’idée d’une invitation pour un verre, là tout de suite, avant le soir ? Tout simple en fait ! Et elle, consentement, la tête un peu de côté, un sourire ambigu aux lèvres.

Au bout de la rue, arrêt au premier bistrot sur le trottoir. Pourquoi lui sensation tellement ridicule ? Pourquoi ce ver de déplaisir dans son cœur en chamade ? Trop facile d’un coup ? Elle, la sublime collègue, la femme canon, enfin un moment avec lui ! Et elle, séduction torride avec son air de madone derrière le guéridon et le verre de porto ! Heure propice, entretien tout bon, même si le silence entre eux une éternité difficile. Elle sur ses gardes, obstinément aimable mais sourire sec et résistance à ses avances. Lui peu courageux, mains moites, plusieurs tentatives de paroles légères. Puis soudain, lui une idée : une balade au bois ce we ? Et voilà ! Tout simple, deuxième victoire : elle ravie, enfin cadeau d’un rendez-vous – en plus chez elle, ce samedi matin, le temps pour un petit déjeuner en toute simplicité, et puis une promenade au bois, et puis une collation sous la tonnelle chez Mimile. Alors, la mignardise, elle lui cadeau peut-être, avant ou après ?

A cette évocation, brûlure dans la poitrine de Grégoire, et du café trop chaud sur sa langue impatiente. La douche fissa, des habits propres fissa itou. Zut, le pantalon trop large, la chemise trop foncée, tant pis, pas le temps, impatience d’un plaisir enfin proche. L’avenue au delà du pont, puis deux arrondissements d’un bond, une bonne heure jusqu’à chez Nathalie.

Il nette préférence pour la marche à pieds, trop de stress pour le regard bovin des gens dans le bus. Et puis comme ça, tout loisir pour le rêve depuis bientôt un an autour de… Nathalie. Ah la jolie secrétaire de son père, fraîche, jeune et en plus indispensable au bureau ! Depuis son introduction dans l’étude d’architecte de son paternel de directeur, Grégoire vision hallucinée de Nathalie sur ses genoux. Il enfin de tout près le nombre de ses charmantes taches de rousseur, en prairie sur son nez et ses joues… Et là, tout à l’heure, bientôt, comme un ouragan, un tsunami de bonheur, elle pépite de son consentement. L’amour en bouton, de passion et dentelles, le meilleur moment.

Bon, nous y voilà, juste après le coin de la rue. Le numéro sur la porte au bout du regard. Mais quoi ? Un dos familier devant lui… Quelqu’un de connu ? Une hésitation mortifère… Mais oui, son père ici ! Vers où ses pas ? Un doute, puis un soupçon affreux. Pas chez elle, quand même… Ils vraiment des salauds… Précipitation de Grégoire sous un porche, juste avant l’immeuble. Son père arrêt fatal devant chez elle. Sonnette ou code ? Code connu !!! Disparition de la silhouette dans l’entrée. Grégoire sur ses talons et tous deux dans l’obscurité de l’entrée d’immeuble. Déjà son père d’un pas ferme vers l’ascenseur. Mais demi-tour sur place, face à Grégoire : Quelle prétention ! Toi, le rival de ton père, comment pas mort de honte ? Mon privilège de conquête, ma maîtresse !!! Ah ! Espèce de coquin, je te … !

Pas le temps pour la fin de la phrase. Le coup de poing en pleine tronche, défiguration instantanée, sang sur la belle chemise. Evanouissement puis mort promise du père par le fils fou de rage. Dures mains vengeresses autour de son cou. Jambes molles, étouffement, relâchement sur le sol. Infortune de nos deux hommes, mâles en mal d’amour mais haine rivale plus forte que la conquête !... //

Mise à jour le 21.02.22
 
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