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Ouvrage 

Titre:
Le lieu du monde
Auteur:
Sonntag (Nathalie)
Edition:
Mediapop
Réunion du:
04.02.2014

Commentaire

lelieudumonde

Le reporter Emmanuel Perrot est atteint par l'épidémie de SAAS, qui fait perdre l'odorat et le goût. Il essaie de continuer à vivre grâce à la présence de son homme de ménage naturiste et d'une femme pleine de vie, Marcia.

 

Dans ce roman nerveux et intelligent, c'est l'écriture qui a d'abord marqué les lecteurs, une écriture très métaphorique, pour certains une très belle écriture, très touffue, foisonnante, poétique en même temps que triviale. Et drôle, et grinçante. Le rythme, le vocabulaire, la richesse de l'imaginaire sont impressionnants. Ils sont mis au service d'interrogations philosophiques profondes, on est à peu près certain qu'il y a beaucoup plus dans le texte que ce qu'on a pu y voir.

 

Certains ont toutefois fini par reculer, après les promesses du début, devant cette accumulation, relevant pour eux de la répétition, du procédé. Ils se sont sentis en décalage par rapport à quelque chose de l'ordre de l'excès, du trop de tout. Les personnages qui ont touché et amusé les uns en ont laissé d'autres indifférents.

 

Pourtant les réflexions sur la société de consommation, et sa dénonciation, sont fortes et bien vues. Que veut dire perdre l'appétit et le goût dans ce monde où on regarde Top chef, où "les corsets sont remplacés par des diktats d'abribus" ? On fait la connaissance du héros au forum de Davos, symbole de la débauche des richesses.

 

Et il est difficile de rester indifférent aux nombreux développements sur le goût, sur sa disparition, sur la façon très intelligente de se réapproprier mémoire et souvenirs – comment fait-on pour retrouver sa mémoire ? On croyait connaître les représentations qu'on peut avoir sur le goût, du rapport des affects à la nourriture, mais que savait-on de la relation du goût à la mémoire, à la perception de l'espace, et peut-être même à la vue ?

 

L'histoire se termine dans un cimetière, lors de l'enterrement d'une victime du SAAS. Fabien, l'homme de ménage, y croisant son ancienne compagne, porte une autre question sur le souvenir et finit ainsi le roman. "Les souvenirs, tant qu'on en a, c'est bien. Le monde s'y loge mais ne s'y rétracte pas : il s'y réfracte. Il n'est pas là où on le vit. Pas le temps, ça va trop vite."

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Mise à jour le 12/04/2024