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CommentaireEn imaginant les deux remords de Claude Monet, l'auteur dresse un portrait extrêmement attachant du peintre et de ses amis, et de la période de l'impressionnisme. Les deux remords seraient l'attitude de Monet face à deux êtres chers, Frédéric Bazille, son ami peintre, et Camille, sa première femme, tous deux disparus prématurément. Bazille est mort à la guerre – il a voulu s'engager contre le désir de ses parents qui lui avaient acheté un remplaçant – alors que Monet, lui, est réfugié en Angleterre. Quant à Camille, elle meurt des suites de son deuxième accouchement, et Monet abandonne son souvenir à sa deuxième femme qui détruit toutes les traces du passé. Monet finira par résoudre ses remords en demandant à la France, en même temps qu'il fait don de l'œuvre immense "Les nymphéas", d'acheter et d'exposer au Louvre le tableau "Femmes dans un jardin". Camille y a servi de modèle trois fois, la quatrième femme est l'amie de Bazille. Ce tableau pourrait d'ailleurs être le héros du livre, il a en effet toute une histoire. Bazille l'a d'abord fait acheter par ses parents pour venir en aide à Monet ; ces derniers l'ont cédé à Manet en échange d'un portrait de leur fils par Renoir ; enfin Monet l'obtient de Manet contre une toile de ce dernier.
Le récit est passionnant, la période de l'impressionnisme est très bien décrite, avec son effervescence, la vie de ses artistes, leur amitié, leurs découvertes, l'acte de peindre, l’impulsion créatrice ; l’acharnement à faire, refaire, partir dans la nature, ne rien peindre pendant des jours, les crises de sens, et puis l’illumination créatrice, l’urgence de peindre. Le parcours des personnages, réels, est reconstitué avec beaucoup de sensibilité. Le début est très poignant, quand le père de Bazille va rechercher le corps de son fils, qu'il faut sortir de sa première sépulture pour le ramener. Et, dans un salut à la jeunesse et au talent, on découvre la figure de Frédéric Bazille, pionnier de l'impressionnisme, le premier à avoir peint des personnages dans la nature. Avant de mourir à trente ans, il avait peint une soixantaine de tableaux d'une grande force.
L'écriture a conquis les lecteurs, une "écriture caméléon" qui alliait déjà rythme et mélodie dans "Les forêts de Ravel", une langue qui transmet le mouvement créateur. Ici "on a l'impression de voir peindre un tableau ; c'est une conjonction pinceau-stylo ; l'auteur écrit avec un pinceau". Et de citer (p 190) : "Des toits montaient de minces fumées. L'hiver avait simplifié la terre, éteint les couleurs, chargé le ciel." Sont cités également la beauté de l'atelier en mouvement installé par Monet sur une barque, et la nostalgie de la campagne à Paris.
Les reproductions de tableaux dans le livre sont bienvenues. Mais qui a pu voir, après la lecture de ce livre, l'exposition Frédéric Bazille au Musée d'Orsay ou le "Déjeuner sur l'herbe" de Claude Monet dans la collection Chtchoukine à la fondation Vuitton, n'a pu que se régaler. Aucun catalogue ne rend la beauté des peintures, ici par exemple le blanc des robes.
Après "Les barques de Braque" d'Edouard Dor et "L'affaire Arnolfini" de Jean-Philippe Postel, les livres sur la peinture ont l'art de séduire. EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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