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Ouvrage 

Titre:
Marcher droit, tourner en rond
Auteur:
Venet (Emmanuel)
Edition:
Verdier
Réunion du:
17.01.2017

Commentaire

marcherdroittournerenrond

Atteint du syndrome d’Asperger, l’homme qui se livre ici aime la vérité, la transparence, le scrabble, la logique, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre, une camarade de lycée jamais revue depuis trente ans. Farouche ennemi des compromis dont s’accommode la société ordinaire, il souffre, aux funérailles de sa grand-mère, d’entendre l’officiante exagérer les vertus de la défunte.

 

Dans une langue pleine de verve, il développe sa vision des relations familiales avec une absence totale de retenue. C'est drôle, désopilant, jubilatoire, car qui n'a jamais pensé comme lui et rêvé de casser les conventions sociales ? On sait tous que c'est lors de son enterrement que chacun devient, dans le discours, l'être exceptionnel qu'il n'a peut-être pas toujours été. Il est probable que l'auteur lui-même s'est fait plaisir dans des expressions pleines de malice qui dénoncent, dans cette famille imaginaire, des travers communément répandus.

Mais cette médaille a son revers tragique, car le narrateur n'aime qu'une femme, il l'aime de façon obsessionnelle, il est de ce fait exclu de l'amour.

 

Nombre de lecteurs se sont laissés entraîner sans réserve dans le récit, séduits par "la langue ample et enlevée, l'écriture intelligente, démonstrative, précise, érudite, et les phrases longues, charpentées, riches." Même si au début on est entravé par le texte, une fois qu'on a commencé à le lire, on ne peut plus le lâcher.

D'autres sont plus réservés, soit parce qu'aucune histoire ne se construisait, soit parce que le plaisir de voir piétiner gaiement les conventions s'altère de ce qui se découvre progressivement de monstrueux dans le personnage. "On aimerait bien être à sa place, pour lui ça va, il trace sa route, mais qu'en est-il des autres autour de lui ? De son père ? Il juge les autres mais oublie de se juger lui-même." Après le regard porté sur la famille vient en deuxième partie l'amour harcelant du narrateur pour Sophie, ce qui lui vaut une interdiction totale de contact avec elle. Cette structure du récit est jugée tantôt comme une rupture bizarre, tantôt pertinente dans la mesure où la construction en spirale fait arriver au cœur de la singularité dérangeante du personnage. Elle justifie pleinement le titre : avec son besoin de transparence et de sincérité, le narrateur aboutit à l’inverse de ce qu’il recherche, il tourne en rond. 

 

Il est en tout cas intéressant se mettre dans la peau d'une personne qui souffre d'un tel syndrome, et de voir le monde à travers le regard que lui donne sa particularité. Voire de s'interroger et de se remettre en question. Le livre amène non seulement à se transposer dans la tête d'un autiste, il interroge aussi la normalité – qui est normal ?

Sont cités plusieurs "Asperger" savants ou artistes célèbres, Glenn Gould l'aurait été, par exemple.

Joseph Schovanec, docteur en philosophie, diplômé de Sciences-Po, polyglotte, conférencier et écrivain, chercheur spécialisé dans la philosophie des religions du Moyen Orient, a écrit un livre "Je suis à l’Est !" pour parler de sa vie avec ce syndrome.

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Mise à jour le 12/04/2024