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CommentaireEst-il besoin de présenter Mahmoud Darwich ? On sait qu'il est reconnu comme l'un des plus grands poètes arabes contemporains et qu'il a été un ardent défenseur de la cause palestinienne. Né en 1941 et mort en 2008, il a été exilé de son pays et a pu revenir sous conditions en Palestine au bout d'une trentaine d'années. Il a écrit plus de vingt livres de poésie, une poésie qui s'ancre essentiellement dans la nostalgie du pays perdu. Il déplaçait des foules lorsqu'il lisait lui-même ses textes en public. Parmi les interprétations musicales, on peut citer le trio Joubran, et plus récemment Rodolphe Burger, dans "Le Cantique des cantiques et hommage à Mahmoud Darwich", concert donné en la cathédrale de Strasbourg en novembre 2016. Le plasticien Ernest Pignon-Ernest lui a également rendu hommage en 2009 en collant des portraits de l’artiste dans des lieux jugés emblématiques de Cisjordanie, et en Israël, sur les ruines de son village de naissance, Birwé. Dans "Présente absence", Mahmoud Darwich revisite les principaux épisodes de sa vie en s'adressant à lui-même, son autre moi, que l'on peut voir comme le poète en lui. Ce n'est pas un récit sur le mode de la narration, mais une suite d'évocations, comme des repères sensibles de sa vie.
Ce très beau texte a profondément touché les lecteurs, on y sent en effet que Mahmoud Darwich voit s'approcher la mort. On est touché aussi, bien sûr, par l'écriture, par son rythme, sa densité, sa richesse, une écriture à la fois poétique et ancrée dans le réel, une écriture hantée par l'exil, une écriture traversée par des hommages à l'enfance, à la femme, par la nostalgie de la terre natale, et par tous les grands thèmes de son œuvre. On n'en finirait pas de citer des passages extraordinaires et lumineux, la découverte par l'enfant de la puissance des mots n'est pas le moindre, ou encore l'histoire d'une vie racontée à travers les cicatrices, l'enfance coupée par l'exil comme l'enfant lui-même s'est coupé avec un couteau.
C'est un livre qu'on lit par touches, il n'est pas toujours facile d'en parler de même qu'il n'est pas facile de parler de poésie. La lecture est parfois physique tant l'émotion est palpable. Condensé et nourri d'images, le texte est parfois compliqué, des passages peuvent nous être obscurs (ils ne le sont peut-être pas pour un lectorat arabe), mais tellement beau qu'on y plonge et qu'on y revient, subjugués.
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