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Ouvrage 

Titre:
Ce qui n'a pas de prix
Auteur:
Le Brun (Annie)
Edition:
Stock
Réunion du:
08.01.2019

Commentaire

cequinapasdeprix

Annie Lebrun, née en 1942, est écrivain, poète et critique littéraire, proche du mouvement surréaliste. Elle a écrit des poèmes, une introduction remarquée à l'œuvre de Sade "Soudain un bloc d'abîme, Sade" ainsi que des analyses critiques de notre temps. Le présent texte peut être considéré comme la suite de "Du trop de réalité".

 

Cet essai dénonce toutes les formes de domination – ou tentatives de domination – du monde de l'argent sur "ce qui n'a pas de prix" c'est-à dire essentiellement le monde sensible et la beauté. Y contribuent la collusion entre la finance, notamment l'industrie du luxe, et un certain art contemporain.

 

Les propos d'Annie Le Brun ne laissent pas indifférents et suscitent le débat, entre ceux qui y adhèrent assez largement et ceux qui s'en révèlent déçus.

 

Pour les premiers, il est utile et important de dénoncer les entreprises visant à niveler et neutraliser la sensibilité, et de rappeler que ces processus sont insidieux, qu'ils nous touchent sans qu'on s'en rende compte et prennent peu à peu un statut d'évidence. On apprend des choses très intéressantes, par exemple qu'il est possible à un artiste d'acheter une couleur (le Vantablack) et de s'en assurer l'exclusivité. Ou encore que l'industrie de la mode récupère systématiquement les signes de révolte, de rébellion, de délinquance. Les exemples sont nombreux : jeans tombants, tatouage, clous et chaînes des marques de luxe. Beauté de synthèse, gadgétisation esthétique, insignifiance généralisée, les termes sont clairs et largement argumentés. L'analyse de l'enlaidissement de l'espace public, ne serait-ce que par l'invasion publicitaire, est convaincante. Nos sens sont menacés par la sidération, certaines démarches visant à produire du sensationnel, du gigantisme, au détriment du sens. La critique est virulente et dense ; l'écriture puissante, percutante, incisive, reste pourtant poétique.

Les seconds rappellent qu'il y a toujours eu du mécénat par l'état ou par les classes dominantes, et que l'art a toujours suivi l'évolution de la société. Le rapport à l'argent du monde de l'art a de tout temps été complexe : effets de mode, cotes modifiées artificiellement, … On ne peut pas nier non plus que des artistes contemporains produisent des œuvres extraordinaires, subversives, qui savent toucher et s’adresser à la sensibilité. Il existe réellement des choses réjouissantes dans les productions actuelles. Ces lecteurs déplorent que l'auteure ne prenne pas la peine de définir l'art contemporain et emploie un jargon ressemblant parfois à l’art conceptuel. "Il y a des choses qu’elle pourrait dire simplement". Le ton, enfin, est jugé méprisant, par exemple en dénonçant l'art placé dans les centres commerciaux ou en parlant du public des musées : "S'accommodant on ne peut mieux de n'avoir pas à critiquer ce qui pourrait l'être, il est prêt à confondre ces exercices de soumission proposés par l'art contemporain avec l'exercice de sa liberté."

 

Dans des positions intermédiaires, quelques lecteurs en accord avec le propos émettent pourtant des réserves sur la forme, notant des phrases qui heurtent, difficiles à comprendre, ou le nombre de citations, jugé excessif. Il en est pour penser qu'un article de trente pages aurait suffi.

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Mise à jour le 18/06/2025