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CommentaireMounia vient de perdre son mari Karim, astrophysicien de renom, dans un accident de voiture. Dévastée par le chagrin, elle se met à lire, non sans hésitation, les carnets de son mari, véritable graphomane qui notait tout. Elle entame elle aussi un journal, son journal de deuil, dans la continuité du journal de Karim.
L'auteur rend compte de cette lecture-commentaire par la construction du livre qui en fait quasiment un puzzle : alternance des textes de Karim et de Mounia ; insertion d'illustrations : photos faites par Mounia, copies de textes, dessins d'enfant ; liberté typographique : mots barrés, pages de "Darwich graffiti" en arabe, mots en majuscules, lignes de points, … Le texte est dense, parfois lyrique, souvent poétique. Il lui arrive d'être violent quand il s'agit de politique, ou au contraire très tendre pour parler de la naissance de l'enfant. Est relevé par les lecteurs le travail sur la langue et l'écriture, ainsi que la faculté de l'auteur de faire parler une femme avec beaucoup de justesse.
Ce double voyage mêle sa version à lui qui écrit tout, tout, tout – il va jusqu'à écrire sur le corps de sa femme – et sa version à elle, faite de deuil mais aussi de découverte, car elle trouve dans les carnets des aspects de la vie de son mari qu'elle ne connaissait pas. Il y a cette fameuse page du 28 novembre 1994 autour de laquelle tourne Mounia, page manquante arrachée des carnets et conservée à part dans une enveloppe, page dont nous ne saurons rien.
On n'entre pas seulement dans l'intimité d'un couple et dans l'intimité de chacun des partenaires, on approche également l'actualité et l'histoire algériennes, notamment la décennie noire des années 80, dont Karim témoigne de façon détaillée. C'est une période à laquelle on s'est généralement peu intéressés et dont on ne connaît guère que l'impact collectif. Là on touche du doigt la vie au quotidien, et on perçoit comment les gens étaient terrorisés, comment chaque coup frappé à la porte devenait une menace, comment se vivaient les choses entre dits et non-dits. On peut penser que ce vécu est partiellement autobiographique.
Malgré l'une ou l'autre difficulté à entrer dans le livre ou à soutenir momentanément l'attention, malgré une réserve sur les choix typographiques, les lecteurs ont dans l'ensemble plébiscité le livre, qui est "un bel objet en plus d'être une histoire touchante", car la construction en est originale et séduisante. C'est à lire d'autant plus qu'il ne nous arrive pas tant que ça de littérature algérienne. EventList powered by schlu.net Copyright © 2025 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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