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Ouvrage 

Titre:
L'attrapeur d'oiseaux
Auteur:
Cesarino (Pedro)
Edition:
Rivages
Réunion du:
06.09.2022

Commentaire

l-attrapeur-d-oiseaux

Sur le site d'Etonnants Voyageurs, on peut lire que "Pedro Cesarino est considéré comme l’un des plus brillants anthropologues de sa génération. Il s’est spécialisé dans les relations entre anthropologie, art et littérature. Il enseigne aujourd’hui à la faculté de philosophie, lettres et sciences humaines de l’Université de São Paulo. De ses nombreux séjours auprès des Marubo, une tribu amazonienne, il tire une étude approfondie sur le chamanisme en Amazonie, Oniska, publiée en 2011 au Brésil, qui comporte des chants indigènes en langue originale et en traduction portugaise".

Selon l’auteur lui-même ce premier roman n’est nullement autobiographique, c’est une fiction inspirée d’éléments vécus au cours de sa vie professionnelle d’anthropologue, où il tourne en tourne en dérision sa profession et les obsessions qui y sont liées. Pedro Cesarino conçoit son roman comme une parodie de la littérature de voyage et une mise à distance de son travail, raillant l’anthropologue qu’il est.

Le texte se nourrit du récit de l’expédition d’un anthropologue dans "l’enfer amazonien" en compagnie d’un groupe d’Indiens qui lui sont familiers, en particulier le personnage de Baitogogo, figure principale de l’expédition, sa femme et sa fille qui tous trois semblent avoir adopté le "Blanc" et lui avoir accordé un statut inhabituel à l’égard des étrangers. Lors de cette expédition de routine l’anthropologue espère réussir à percer le mystère du mythe de l’attrapeur d’oiseaux, récit dont il a une connaissance incomplète. Ce mythe – que l’on peut considérer comme fondateur – soude la communauté indigène et donne sens à la vie des indiens. Comme de nombreux mythes il contient des traces de sacrifices et de totale irrationalité.

La narration est linéaire, le récit assez plat, surtout dans les premières pages, décrivant toute une série de gestes triviaux, le texte s’écoulant au rythme du voyage en pirogue sur le fleuve Japura. Pour les uns c'est presque ennuyeux, pour d'autres intéressant comme démythification de l'expédition ethnographique.

Certains lecteurs ont été happés parfois par le quotidien, la manière de vivre des indiens et leur conception du monde, en admettant que les éléments décrits soient fondés sur la réalité. Ou encore par la magie du long voyage sur le fleuve, jour après jour. Intéressés également par la description de tous les écueils auxquels peut se heurter un anthropologue : écueils matériels, écueils humains, mais aussi écueils scientifiques, la relation avec les populations étudiées étant forcément ambivalente. On voit aussi dans ce récit le prix d'une obsession : l'anthropologue est prêt à faire face à toutes sortes de complications pour obtenir son histoire et doit lutter pour ne pas se faire happer par les demandes des populations qu'il vient étudier. "J'ai beaucoup aimé ce livre très subtil. Le héros n'en est pas à son premier voyage dans cette contrée, cette fois-ci poussé par cette quête "d'aller jusqu'au bout", au bout de quoi ? rationnellement du mythe complet de l'attrapeur d'oiseaux et inconsciemment de sa perte en s'engouffrant dans cette histoire."

Nombre de lecteurs ont été désorientés par l'aboutissement du voyage, qui reste une énigme. L’anthropologue apparaît comme le bouc émissaire ou le dindon de la farce alors que la communauté indienne se ligue contre lui et retrouve ainsi la cohésion, surmonte le chaos que l’étranger avait provoqué malgré lui. "On ne sait pas ce qui est transmis par les indiens et ce qui est inventé par lui." – Ça plane un peu. – On ne sait pas s'il rêve".

Mais ce n'est pas le cas de tous : "Nous-mêmes sommes pris dans son délire interprétatif et persécutif, les membres de la tribu se montrent de plus en plus hostiles à son égard et l'utilisent pour jouer le rôle d'Amatseratu. Où est la part de son fantasme et de la réalité ? L'auteur maintient le flou tout au long du récit de manière subtile, nous faisant partager les dérives du héros dans son rapport à la réalité jusqu'à la scène finale."

Il ne faut pas oublier de mentionner la critique sociale et politique de la société brésilienne et du traitement des minorités ethniques. Le roman révèle la violence envers ces dernières et décrit l'incompréhension mutuelle de deux mondes et la méfiance qui affleure parfois, malgré les efforts des uns et des autres.

Et bien sûr on ne peut s'empêcher de penser à deux livres de Juan José Saer, "L'Ancêtre" et "Le fleuve sans rives".

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Mise à jour le 12/04/2024