Alex Schulman est un journaliste suédois, "Les survivants" est son premier roman. C'est une tragédie familiale qui s'ancre dans un drame du passé. La narration alterne le voyage de trois frères vers la maison de vacances où ils vont porter les cendres de leur mère, et les souvenirs d'enfance du narrateur. Le voyage est raconté à rebours, ce qui peut surprendre mais ne dérange pas la lecture. C'est à la toute fin du livre qu'on apprend quel a été le drame.

Ce dénouement fait polémique : "On ne se doute pas du tout de l'issue, on est très surpris quand on en prend connaissance, on revoit des scènes du livre et on les réinterprète. – C'est un peu choquant comment l'auteur nous a emballés, comment on s'est fait avoir. – Il s'est fait avoir par son propre refoulement, l'auteur ne nous balade pas, c'est lui qui est victime. – La fin je n'y crois pas du tout, je suis retournée dans le livre, cette fin c'est faux, je ne crois pas du tout à la thèse avancée. – J'ai eu un peu de mal à entrer, puis j'ai été prise par le récit, et pour finir très déçue par le dénouement. Cette résolution ne tient pas debout. – Je ne suis pas d'accord, après ce qui se tisse entre les frères, la fin n'est pas étonnante et donne envie de reprendre le livre depuis le début."

Mais il n'y a pas que le dénouement, il faut parler aussi de la façon d'installer une tension et de décrire la vie de cette famille. "Même si le début est un peu ennuyeux, l'auteur arrive à restituer l'ambiance familiale, et tout au long du récit le malaise et l'inquiétude s'installent. – Certaines scènes se répètent un peu. – J'ai beaucoup aimé le livre, c'est toujours décalé, l'observation de l'enfance et du comportement des parents est très subtile, il y a par moment quelque chose de fantastique. – On peut être surpris par les "originalités" de cette famille, mais il y a une observation très fine du comportement des parents, des relations entre eux, des relations entre les frères, c'est très intéressant. – Une intrigue bien menée, avec l'utilisation d'une narration fragmentée qui crée la confusion jusqu'au dénouement, qui reste lui aussi sur l'interrogation de la matérialité de la victime. Nous restons dans l'étrangeté familiale scandinave, déjà évoquée dans "La mort d'un père" de Karl Ove Knausgaard. – J'ai vraiment aimé ce livre, même si j'ai eu peu de mal à y entrer, et malgré le regard dur sur la mère. On arrive bien à se mettre à la place de Benjamin : "on fait comme on peut". Le livre pose la question de ce qu'est l'amour entre parents et enfants et comment ça se manifeste."

Une lecture alternative : "L'auteur nous répète qu'il y a eu un drame, les trois frères seraient-ils des morts qui reviennent ?" Hypothèse intéressante …