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Commentaire
Nastassja Martin, née en 1986 à Grenoble, est anthropologue, spécialiste de l'animisme. À 23 ans, elle rejoint les Gwich'in, société de chasseurs-cueilleurs, en Alaska, pour réaliser une thèse sous la direction de Philippe Descola. En août 2015, elle est dans les montagnes du Kamtchatka, aux confins de la Sibérie, pour y réaliser une étude auprès des Évènes quand elle rencontre un ours qui la défigure et lui laboure la cuisse. Elle perd un morceau de sa mâchoire. S'ensuivent des mois d'hospitalisation en Russie, puis à Paris. De cette expérience, elle écrit un récit qui sort en librairie en octobre 2019 : Croire aux fauves.
Au rythme de sa guérison et des saisons (cf les chapitres du livre), l'auteure revient sur sa "collision" avec l'ours et réfléchit sur ce qui s'est passé. Elle accueille l'événement en essayant de le reconstituer : "Il y a eu un "nous", dit-elle ". Elle interroge sa survie par le prisme de l'animisme, car son travail a eu comme implication, d'après elle, de la préparer à cette rencontre entre humain et non humain.
"Ce qui a retenu mon attention, c'est cette sorte de lutte implicite avec une tentation de la pensée occidentale qui est aussi la nôtre : " (...) Que j'arrive à suspendre mon jugement, (...) C'est dur de laisser flotter le sens. De se dire : je ne sais pas tout au sujet de cette rencontre ; je laisse les desiderata présumés du monde des ours de côté ; je fais de l'incertitude un cadeau. " (p. 110) Daria, son amie évène qui vit en forêt, dira d'ailleurs à Nastassja quand celle-ci sera revenue auprès d'elle : "Parfois certains animaux font des cadeaux aux humains (...) Toi, tu es le cadeau que les ours nous ont fait en te laissant la vie sauve. " (p. 108)" "J'ai bien aimé, avec une petite restriction, car l'auteure va très loin dans l'opposition entre animisme et monde occidental. Mais ça ne m'a pas réellement gênée. J'ai aimé le rapport qu'elle a aux habitants, à la forêt, dans une imprégnation totale." "C'est une vraie découverte. Il y a un côté un peu irréel, on dépasse la vie ordinaire et ses méandres. C'est terrible les soins qu'elle reçoit en Russie, il a fallu que j'accepte qu'elle se sente bien. La fin est un peu longue. L'animisme, cette fusion avec la nature et les animaux, la vie dans forêt, tout cela est très très intéressant mais j'ai un peu souffert par empathie avec les souffrances de l'auteure." "C'est assez remarquable, son style est captivant. Je la compare à Baptiste Morizot. J'aurais aimé un peu plus de fonds scientifique." "Ne dit-elle pas qu'elle souhaitait cette rencontre ? On peut le penser, car elle est délibérément partie seule." "J'ai commencé à lire croyant que c'était de la fiction. Mais non, c'est bel et bien vrai, c'est génial." "J'ai été choquée, mais j'ai eu un plaisir intense à la lecture et à l'écriture, cette histoire est un vrai conte. Le rapport de ses relations avec l'ours – animal emblématique – est celui d'une métamorphose. Une découverte." "J'ai aussi été pris par l'écriture, par les relations avec l'ours, mais également avec les humains : sa famille, les gens de la forêt, les médecins. A propos de médecins, on voit qu'après les soins en Russie, en France ce n'est pas mieux … Les relations avec la psychologue sont très drôles." "J'ai bien aimé ce récit d'une aventure assez extraordinaire et la façon qu'a l'autrice de la raconter. Notamment l'idée qu'il s'agit d'une "rencontre" avec un ours, après laquelle il y a un peu d'ours en elle et un peu d'elle dans l'ours. J'ai été un peu perdue vers la fin, je n'ai pas toujours compris la place des différents protagonistes, et peut-être pas non plus sa relation à l'altérité des populations qu'elle rencontre." "J'ai débuté la lecture un peu réticente quant au sujet que je m'imaginais. Et puis j'ai été embarquée. Dès les premières pages, l'autrice nous plonge dans le récit d'une épreuve hors du commun et ses conséquences. Sur plusieurs plans, les lieux, le Khamtchatka, le métier du personnage (l'autrice), la rencontre avec l'"alter"... Par des séquences courtes, l'autrice nous fait traverser 4 saisons : l'automne, saison de la rencontre, du corps à corps ; l'hiver, saison de la reconstruction physique et de l'interrogation psychique ; le printemps, saison de la confrontation intellectuelle avec ce qu'elle devient ; l'été, saison de la confrontation concrète avec le lieu, les autres acteurs. On sent une élaboration, une maturation, des découvertes, des confusions, des surprises. Mais aussi les effets d'influences à la fois sensibles, sentimentales, ancestrales et scientifiques. Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est prendre le temps d'un livre pour s'appesantir, explorer, interroger la question des confins et de l'entre-deux mondes. Parfois l'autrice m'a un peu perdue, lorsqu'elle en appelle à ses connaissances et ses repères scientifiques, mais ça incite à aller plus loin. J'aime bien sa définition de l'anthropologie (p. 146) : "je m'approche, je suis saisie, je m'éloigne ou je m'enfuis. Je reviens, je saisis, je traduis. Ce qui vient des autres, qui passe par mon corps et s'en va je ne sais où." EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
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