Les derniers livres commentés
|
Les prochaines lectures
|
Tous les livres commentésOuvrage
CommentaireDans la passionnante rencontre du 7 février au Quai des Brumes, Marie Redonnet a présenté son dernier livre Trio pour un monde égaré, roman complété par Un parcours, texte autobiographique qui replace son œuvre dans sa vie et expose ce que sont pour elle les enjeux de la littérature. Retraçant son parcours d'écrivain, elle a commenté avec conviction son engagement et ses choix d'écriture.
Lora Sander quitte son pays tombé sous le joug d'une dictature. Son mari a été arrêté et son fils a disparu, entré en résistance. Munie d'un simple sac dans lequel elle emporte le colt donné par son père, elle traverse le fleuve pour arriver dans l'état de Santarie. Au fur et à mesure de ses péripéties, elle comprend qu'elle vivait dans un milieu relativement protégé. Actrice, elle se partageait entre sa vie de famille et son travail dans le théâtre de son mari. Seule dans un nouveau pays, entrée dans la peau d'une réfugiée, elle apprend à se débrouiller dans une autre forme de vie, et ce n'est qu'à la toute fin qu'elle s'émancipe. Son périple lui permet de se construire un nouveau destin et d'inventer sa liberté. Elle perd tout de son ancienne vie, sauf le colt dont elle se débarrassera aussi et qui, de toute façon, ne suffisait pas à la protéger. La référence au statut de migrant, dépossédé de tout, est évidente.
L'écriture est sèche et dépouillée, quasi austère. Ici pas d'interprétation, pas de psychologisation, la narratrice raconte ce qui lui arrive avec distance. Ce qui ne convient pas à tous les lecteurs – certains parlent de langage pauvre – qui sont surpris de découvrir comment Lora réussit sans la moindre faille à surmonter plusieurs viols. Que la chose soit ainsi évacuée ne leur paraît pas convaincant. Ou encore ils se sentent comme devant le script d'un film, un peu déçus qu'il n'y ait pas plus de développement.
Pour les autres au contraire, l'écriture est en cohérence avec l'urgence de la situation, celle des migrants, qui ont à avancer malgré les drames, les viols, les enfants disparus, … La narratrice décrit le chemin qu'elle parcourt et ne commente pas ce qui lui arrive, dans une approche un peu animale. Elle survit, tout simplement. Le livre, qu'on peut voir en effet comme un manuel de survie, est calqué sur la façon qu'a Marie Redonnet de raconter sa vie, de façon assez froide et distante. Le procédé a aussi pour effet d'universaliser les situations, ici celle des migrants. La description simple, l'absence d'interprétation, donnent au texte un côté intemporel, éternel, comme dans une fable ou un conte. Dans Trio pour un monde égaré, il n'y a même plus de noms de pays, l'histoire peut se passer n'importe où.
A noter que La femme au colt 45 a été écrit pour le théâtre, ce qui peut changer la perspective de lecture. Dans Un parcours, Marie Redonnet précise : "… ce texte emprunte au théâtre les didascalies, les monologues et la succession des scènes. Mais il peut se lire aussi comme un roman au cours duquel Lora Sander joue la pièce de théâtre qu'elle est en train de créer à partir du récit de son voyage en terre d'exil." EventList powered by schlu.net Copyright © 2024 120 Grand'Rue. Tous droits réservés.
Joomla! est un logiciel libre sous licence GNU/GPL. |
Les actus
|